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Dans notre village, la torréfaction du café remonte à la première moitié du XXe siècle. Notre compatriote Charles SCHAETZEL s'était spécialisé dans ce métier un peu particulier. Vers 1905, il quitta son employeur de Strasbourg, pour se parfaire à Paris dans une importante entreprise de torréfaction bien connue en France, « Les cafés Négus ».

Du café produit à Valff ?

En 1922, fort de son expérience acquise dans ce domaine, Charles, sa femme Régine ANTZ, leur fils Charles Théodore et leur fille Joséphine Madeleine quittèrent Paris pour revenir s'installer dans leur village natal, Valff. Charles avait fuit l'incorporation dans l'armée allemande au début de la guerre de 1914 en retournant, avec sa femme épousée en 1907 à Valff, dans la capitale française. Dans son acte de mariage, il habitait déjà à Paris et occupait le métier d'aide de commerce. Un hasard, peut-être, est la présence dans la capitale d'un certain Félix Schaetzel, témoin à la naissance du fils d'un importateur de café, qui en 1905 a mis son café-brasserie, hôtel meublé en liquidation judiciare. 

A son retour après la guerre, il reprit l'ancienne épicerie MARTZ dans la rue Thomas, non seulement pour torréfier du café vert, mais aussi, entre-autres, pour produire de l'huile artisanale. Nous ne savons malheureusement que peu de choses des techniques et le savoir-faire qu'exigeait la torréfaction à l'époque. Charles assurait lui-même la commercialisation de ses produits. Il faisait de la vente ambulante au moyen d'un attelage à chevaux, pour le café et l'huile, mais aussi pour ses produits d'épicerie. En même temps, sa famille tenait le commerce d'alimentation générale à l'angle de la rue Thomas et de la rue du Moulin. Charles SCHAETZEL père, s'éteignit en 1951. Son épouse Régine l'avait précédé quelques années auparavant en 1939. 

Carte postale de 1908. Ancienne épicerie MARTZ qui produisait des cigares avant la reprise de l'épicerie par Charles SCHAETZEL 

Carte postale de 1925

Les bons grains de café verts qui étaient importés des pays producteurs comme le Brésil, la Colombie, le Mexique, ... disparurent pendant la guerre 39/45. La torréfaction du café prit fin avec l'occupation allemande. Pendant les hostilités, du « Ersatz-café », était fabriqué avec des grains d'orge grillés. Il remplaça au grand désespoir des connaisseurs, la caféine, son arôme et ses effets stimulants. Avant la guerre, le café vert n'était commercialisé que dans des magasins spécialisés. La torréfaction pouvait se faisait même à domicile à l'aide d'un torréfacteur ou brûloir domestique de petite taille. L'odeur suave du grain rôti se diffusait alors dans tout le quartier.

Maison spécialisée de torréfaction de café à Colmar, Place du Marché vers 1920

Le moulin à huile

Photo de 1907

Photo de 1935

Comme relaté plus-haut, l'entreprise familiale de Charles SCHAETZEL fabriquait aussi de l'huile artisanale, extraite, entre-autres, du colza et des noix. Son fils offrit le mécanisme de broyage à la commune en 1981 qui l'installa en face de l'ancienne ferme dîmière dans la rue du moulin [en savoir plus : Le moulin à huile]. 

Charles SCHAETZEL fils, le donateur du moulin à huile

La prochaine fois que vous vous laisserez envoûter par les effluves délicates d'un bon café, laisserez couler dans votre gorge le subtil parfum du nectar amer et noir servi dans un élégant café romantique par une serveuse sensuelle, pensez à nos concitoyens qui pendant la guerre devaient se contenter de boire de l'orge cramée ! 

Sources :