Aujourd'hui, sur les paquets de cigarettes sont imprimées des images choquantes afin de sensibiliser sur la dangerosité du produit. Sous l'Ancien Régime, en 1754, Jean Michel WALTER de Valff en a aussi fait l'amère expérience ...

Jean Michel, 26 ans, est accessoirement gardien des oies et porcs communaux. Il habite avec sa mère et son frère gardien des cochons comme lui. Leur père, gardien de chevaux, est mort il y a seize ans. Son seul vêtement est un juste-au-corps bleu qu'il a gardé de son séjour de sept ans au Régiment Royal de Bavière. Il avait 15 ans ...

Cela fait quelques temps que Walter convoite le petit stock de tabac du cabaretier cultivateur. Il a mauvaise réputation, on le soupçonne d'avoir participé l'année passée, au vol de plus de 70 oies qui disparurent en une seule nuit. Une grande angoisse s'était emparé de toute la communauté. Le boucher Jean KORNMANN enferme depuis ce jour ses oies rescapées tous les soirs dans sa cave. En février, KORNMANN avait encore surpris WALTER fouinant dans son écurie ... Pourchassé, WALTER s'étala dans le fumier ce qui ne rafraîchit pas son juste-au-corps, avant de réussir à fuir !

Ce dimanche 12 mai 1754, le moment d'agir est propice. Jean Michel sait que le propriétaire Jean Thiébaut LUTZ est occupé dans l'auberge avec les notables pour à la vente aux enchères de vieux bois. Il attend 9 heures du soir et s'introduit dans le séchoir ... Mais c'était sans compter sur le fils, André LUTZ. Ce dernier voulant s'occuper une dernière fois de ses chevaux, surprit WALTER entre les feuilles de tabac. L'attrapant par les cheveux, il le traîna dans l'auberge. WALTER ne pu nier : il tenait encore entre ses mains une ficelle remplie de feuille de tabac ! 

  • Je suis pauvre ! Personne ne me donne quoi que ce soit ! Je n'ai pas d'autres solutions que de voler ce donc j'ai besoin ! se défend WALTER
  • Tu n'as pas honte de faire de la peine à ta mère ? rétorqua le prévôt Matthias VOEGEL
  • Tu vas aller en prison !
  • A la garde de Dieu ! Qu'il en soit ainsi ! soupira WALTER

Jean Michel est transféré à la prison d'Andlau. Interrogé, il explique qu'il avait l'intention le lendemain du vol, de se rendre à Barr piocher les vignes. A court de tabac, il s'était rendu à l'auberge boire un coup mais trouva la salle bondée. Passant par la cour, il monta l'escalier du corps du logis, passa la main dans le séchoir à tabac ... et tenta d'arracher une feuille. Mais à son grand malheur, la ficelle cassa et c'est toutes les feuilles attachées qui lui restèrent entre les mains ! Pour ne pas gâcher, il emporta tout !

Après jugement, Jean Michel WALTER fut condamné par le Conseil Souverain d'Alsace de Colmar :

  • A être battu et fustigé nu de verges par l'Exécuteur de la haute justice dans le carrefours et lieux accoutumés de Valff
  • Brûlé au fer rouge sur l'épaule gauche de la lettre V (initiale pour Voleur)
  • Banni pour 3 ans de la Seigneurie d'Andlau et tous ses villages
  • De garder toujours sur lui sa sentence de condamnation
  • Payer 20 livres d'amende au profit du Seigneur et 99 livres pour les frais de justice
  • Etre emprisonné pendant un mois au pain et à l'eau ...

Les archives restent muettes quand à l'information si à cette occasion, Jean Michel n'en a pas profité ... pour arrêter de fumer !

En savoir plus :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.