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Parmi les occupations qui permettait de vivre leur passion aux adeptes des siècles passés on peut citer celle d'apiculteur. A travers les époques, le miel fut un des seuls produit sucré accessible aux hommes.

La douceur du produit, de la cire pour les cierges ; il n'en fallait pas plus pour que les monastères en fasse une de leur occupation. Le miel était une denrée de luxe et vendue sur les marchés de la région dès le Moyen-âge. Un tarif de passage du péage de la Seigneurie de Barr installé au point de rencontre des bans de Valff-Zellwiller et Bourgheim, mentionne ce bon nectar déjà au XVIème siècle. Il en coûtera 8 pfennigs au marchand de miel pour passer 1 ohmen de cette denrée (le ohmen ici ne peut correspondre à la mesure courante du ohmen de vin qui est d'environ 800 litres mais plutôt à un volume spécial pour le transport du miel. 8 pfennig étant une somme dérisoire ...). Dans ce relevé il est aussi parlé de passage de pain d'épices qui, comme on le suppose, était déjà confectionné avec du miel. Et comme le péage était payant dans le sens Valff - Bourgheim - Gertwiller - Barr ... y aurait-il eu des fabricants de pain d'épices à Valff ? 

C'est au XIXème siècle que l'apiculture moderne prend son essor en Alsace. On peut citer l'oeuvre pionnière du pasteur protestant Frédéric BASTIEN de Wissembourg (1834-1893). Il organisa des réunions d'information afin d'encourager la pratique et de nouvelles techniques de production. A Barr, Jean SCHMITT construisit l'un des premiers extracteurs moderne d'après les plans du hongrois HRUSCHKA. 

L'apiculture moderne est en marche. Les pays de l'Est sont à l'avant garde. En 1848 en Silésie, le docteur DZIERZON invente le principe de la ruche à cadre mobile. L'idée viendrait de Russie d'un certain PROKOPOVICH. On améliore et on copie dans le monde entier les techniques et supports. Les premières ruches à cadres mobiles en Alsace apparaissent à Klingenthal vers 1856 sous l'impulsion de l'industriel Christian VORMWALD. 

En 1868, BASTIEN crée la Société d'Apiculture d'Alsace. Annexée à l'Allemagne en 1870, des syndicats d'apiculteurs voient le jour. On publie le mensuel « Der Elsass Lothrigingische Bienenzüchter ».

Les allemands étant friands de modernité, la poignée de mordus se transforme rapidement en un courant populaire. En France le mouvement est plus poussif. Qu'en est-il de l'apiculture alsacienne de nos jours : d'après les relevés de Stéphane MARTZ on dénombrait en 2001 : 3290 apiculteurs avec 35380 ruches alors qu'en 1907 ils étaient ... 9931 avec 51014 ruches !

Et en 2019 ? Il semble que la tendance se soit inversée. Le retour de l'intérêt pour les produits naturels a mobilisé les consciences. Et l'apiculture à Valff ? Le village n'était pas en reste. En 1882 (on rappelle que les évolutions majeures de l'activité et des techniques ont pris de l’essor vers les années 1850) il y avait dans la commune un apiculteur professionnel. Jean Michel FREYDER était employé municipal. Il fit l'objet d'une enquête administrative et c'est à cette occasion que nous apprenons que son père Joseph Casimir FREYDER, ancien tisserand de métier à la naissance de Jean Michel, est qualifié de Immenhirt, littéralement : gardien d'abeilles. Qu'il soit connu comme l'apiculteur atteste que sa passion n'était pas qu'une activité marginale. Le métier de tisserand nourrissant mal, a-t-il fait une conversion professionnelle ? En 1866, on recensa 108 ruches à Valff.

Statistiques agricoles de la commune :

Valff en ... 1862 1866 1883 1900 1907 1912
Ruches 35 108 54 86 67 45

Durant un bel été à Valff, une reine vagabonde choisit un beau lilas pour se reposer. Photos souvenirs :

Gageons que l'activité d'apiculteur puisse encore prospérer dans les années à venir afin de régaler encore longtemps nos palais avec ce doux nectar mielleux.