Présentation d'un métier aujourd'hui disparu « pour cause » de nouvelle technologie : l'appariteur. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent connaitre, les accros au téléphone.

Le terme latin « apparitor » désignait un agent dans la Rome antique mis à disposition d'un magistrat romain. Au début du dernier siècle il n'y avait ni radio, ni télévision. Pour véhiculer les informations il y avait le « Bott ». Le nom vient de l'allemand « Bote » qui signifie messager. Le « Bott » était une des personnalités de la commune. Il représentait le trait d'union entre l'administration communale et la population. Il parcourait les villages en se présentant soit à l'aide d'un tambour soit d'une cloche soit d'un clairon. Il portait souvent un képi et l'uniforme.

Képi et clochette de Paul SAAS exposés dans la salle du Conseil Municipal

L'appariteur faisait le tour du village en s'arrêtant aux points stratégiques. Il transmettait dans chaque rue, chaque maison, informations, consignes et ordres. Il débutait souvent son discours par « Es Wird bekannt gemacht » (Il est donné à la connaissance de la population ...). Il informait le passage du ramoneur, les arrêtés municipaux, le vin et le Schnaps à déclarer, la vaccination à ne pas oublier, le début de la fenaison et des vendanges, les adjudications de bois, le passage d'un marchand ambulant ou du percepteur, les objets perdus ou retrouvés ...

Le premier dimanche de l'année il annonçait les travaux exécutés durant l'année passée et ceux à venir ainsi que la situation financière de la commune, qui, soit dit en passant était naturellement toujours excédentaire et réglementaire. Le dernier « Bott » à Valff fut Paul SAAS qui arrêta son activité en 1973.

Paul SAAS (appariteur de 1951 à 1973) en 1969

Voici le serment du garde champêtre George DIEHL en 1899 : « Je jure devant Dieu le Tout-Puissant et Omniscient que je serais obéissant et soumis au Kaiser allemand et à ses lois et selon ma conscience et connaissance et réaliser mon travail et mes devoirs de la meilleure des façons. Que Dieu me vienne en aide ».

Avant 1870, les messagers étaient rémunérés selon la mission. Ils étaient essentiellement engagés pour transmettre des documents dans les agglomérations voisines. La commune a de tous temps engagé des messagers. En 1760 par exemple, un messager ( Bote ) acheva son voyage à la sortie du village vers Meistratzheim. Des enfants le trouvèrent gisant mort sur la route. Il venait de Rouffach et envisageait de transmettre des documents aux Instances Juridiques à l'Evêché de Strasbourg à Saverne. On ne sait si en tombant 'il a cassé sa pipe! Et tout le voyage à pied s'il vous plait !

  

Le « Strasburger Hinkende Bote » (Le messager boiteux) est un almanach qui parait chaque année en octobre. Il contient un calendrier, les fêtes, des prévisions météorologiques, des recettes de cuisine, des histoires, des contes, des poèmes, l'horoscope, des astuces de jardinages et bien d'autres choses. On connait une édition de 1684 à Colmar. Il est toujours diffusé.

L'appariteur d'Obernai en 1935

Dans les années 1830 on n'utilisait pas seulement le terme appariteur mais aussi celui de tambour. Le tambour de cette année s'appelait MOSSER Georges. Il percevait annuellement 20 francs de la commune. Après de longues années de services il fut remplacé par REIBEL Jean Antoine vers 1850 qui fut augmenté à 30 francs. 

Liste des appariteurs à partir de 1870 :

  • 1870 : Aloïse ROSFELDER
  • 1871 à 1900 : Frantz Anton ANTZ (1843-1920)
  • 1900 à 1932 : Georges Joseph VOEGEL (1869-1932). Sa famille a gardé le surnom du Hofname « S'Botts » jusqu'à nos jours : « S'Botts Victor » 
  • 1932 à 1951 : Louis SCHAETZEL (1884-1960)
  • 1951 à 1973 : Paul SAAS (1917-2001)

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.