Vous avez un nom de famille avec une renommée associée ? Personne n'est fier de porter un nom de famille avec un aïeul connu défavorablement.

Vers la fin XIXe, début XXe siècle, les membres d'une même famille du village s'est particulièrement distinguées pour le nombre cumulé de jours de prisons. Par égard pour les personnes qui portent encore ce patronyme nous omettrons de le mentionner dans cet article. Le pompon est attribué à Florent DALTON. Ah, oui, j'allais oublier : pour les raisons invoquées plus haut, nous allons appeler notre famille : la famille DALTON. Je reviens donc à Florent. Avec ses frères Louis et Auguste, c'est lui qui détient le record des jours en pyjama rayé. Pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants, attardons nous rapidement sur l'histoire familiale. 

Comme c'est parfois le cas, quand disparaît la maman, c'est la famille toute entière qui sombre. L'alcool permettant d'oublier les problèmes qui se cumulent ... à cause de l'alcool, le cercle vicieux et fielleux s'enracine. Ma DALTON s'est éteinte à seulement 54 ans en 1901. Père DALTON, petit agriculteur, cassa sa pipe dans la foulée en 1907. Première condamnation pour Florent, le fils, en 1903 avec 1 semaine de prison à la clé pour ... mendicité ! Il avait pourtant appris le métier de cordonnier, le Florent, mais la vie ne voulait pas lui sourire et la suite encore moins. Dans l'ordre :

  • 1904 : 2 semaines pour mendicité et 6 mois pour vol
  • 1905 : 1 mois de prison pour détournement d'argent
  • 1906 : 14 jours cumulés pour mendicité et 3 mois pour vol
  • 1907 : 1 an et 1 semaine pour coups et blessures avec insultes
  • 1908 : 1 semaine pour mendicité
  • 1909 : 3 ans, 6 mois et 10 jours pour vol et mendicité
  • 1910 : 2 semaines pour vol
  • 1911 : 2 semaines pour tromperie

Florent finit par s'assagir. En 1932, il épousa une certaine Marie Louise de Strasbourg... On dit que les femmes font les grands hommes, on l'espère pour Florent ! Son frère Louis, de 3 ans son cadet, avait déménagé à Bolsenheim où il s'illustra ... pour coups et blessures avec outrages. Quant à Auguste de 6 ans son cadet, il purgera en tout 19 mois et 2 semaines pour coups et blessures aggravés.

Attestation de libération pour Louis DALTON

La famille DALTON fit des émules. Dans l'entourage de la famille DALTON, je veux : dr'Antoine der Stahler (le voleur), ou : le Jambedis (Jean Baptiste) dr' Battler (le mendiant) ou : d'r Changes (Jean) dr' Gamfer (le brigand). Tous nos joyeux larrons étant de la même famille! ne pensez pas que c'étaient des vanniers, non ! C'est un nom de famille bien de chez nous ! Mais un cas est relevant :

 1921, Matthieu DALTON est condamné à 15 jours de prison et 1000 francs d'amende. Le gentil maire Georges KLEIBER de Valff envoya dans sa grande bonté, une lettre de demande de clémence ... directement au Président de la République Alexandre MILLERAND (1859-1943). Son désir : solliciter la grâce présidentielle pour Matthieu. En vain ! Nous ne connaissons pas la raison de sa condamnation mais ce qu'on sait, c'est que la requête fut rejetée. Pas gentil le Président !

La réputation sulfureuse d'une famille est difficile à porter pour les autres membres qui vivent sans faire de vagues. Dur, dur à l'époque de s'appeler ... DALTON !

Source : Archives de Valff

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.