Nous ne disposons que peu d'informations concernant les garçons de Valff tombés au champs d'honneur pendant la période Impériale sous les ordres de Napoléon Bonaparte. La première mention date du 15 octobre 1814. Le Conseil d'administration du 7ème Régiment d'artillerie signale à la municipalité de Valff que le dénommé Thimotée BIRGEL, matricule 7490, cantonné à Mayence est décédé le 4 février 1814 à l'hôpital militaire à Mayence. Point ! Huit mois pour signaler le décès, ses parents seront heureux de la nouvelle ...

Brossons le contexte. 1812. Après la retraite de Russie et la défaite de la Grande Armée, les unités militaires françaises sont éparpillées à travers l'Europe. Entre le 21 mai 1813 et le 4 mai 1814 le corps Impérial français du général Charles Antoine MORAND est assiégé dans la forteresse de Mayence par une unité Russe. La région annexée au nord de l'Alsace faisait partie du département français appelé Mont-Tonnerre. En février 1814, les Russes cèdent la place au 5ème Corps Prussien. A l'intérieur de la ville sévi une violente épidémie de typhus. Le général MORAND s'obstine. De la garnison initiale de 31 000 hommes , il reste 12 000 mort-vivants. La majorité des soldats français décèdent de maladie. Ce n'est qu'après l'exil de Napoléon sur l'île d'Elbe que les français ouvriront les portes de la ville aux alliés. En 1814, Napoléon combat pour sa survie. C'est la campagne de France. Malgré quelques petites victoires, les alliés envahissent le pays. Napoléon Bonaparte abdique le 6 avril. Le 3 mai, il est exilé sur l'île d'Elbe.

Qui était finalement Thimotée BIRGEL (appelé BÜRGEL lors de sa conscription) ? Un soldat anonyme parmi tant d'autres ? Fils de François Joseph cultivateur, et d'Anne Marie MEYER. Il est né le 28 août 1792. Le jour de sa conscription au mois de mars, il a tiré le n°34. Bon pour le service ! Il est incorporé au 7ème régiment d'artillerie à pied de la Grande Armée. L'unité est engagée en Russie en 1812 et participe à la victoire française de la bataille de la Moskova et de la défaite sur la  Bérézina.

Recensement de sa conscription en 1812

La bataille de la Bérézina

Il est fort probable que BIRGEL ai participé à cette fameuse bataille ainsi qu'à la retraite de Russie. L'expression « C'est la Bérézina ! » est encore vivante de nos jours. Elle est utilisée pour illustrer une défaite ou une déroute cinglante. Replié sur Mayence, le commandement de BIRGEL lui octroie le rôle de canonnier au dépôt de la ville. Et on connait la suite, c'est sûrement la maladie qui le terrassera. Il doit être enterré quelque part avec ses copains dans la terre de Mayence (appelé Mainz en allemand aujourd'hui en Rhénanie Palatinat). La triste nouvelle arrivera à Valff pour l'été. Le temps pour les parents de pleurer la durée des moissons....

Les soldats français malades du typhus dans l'enceinte de de la ville de Mayence en 1813-1814

Liste des quelques soldats incorporés dans l'armée du Rhin et dans la grande armée Napoléonienne :

  • KRIEG François Xavier : fils de François, tisserand, et Elisabeth BAEHR, né le 4 janvier 1762 (il y a une erreur dans la fiche militaire) matricule 1222, 1er Régiment de grenadiers à cheval de la garde des Consuls 

  • FREYDER Cyprien : fils de François Antoine, tisserand, et Madeleine KRIEG, né le 6 septembre 1789, tisserand, 7e régiment de voltigeurs, campagne d'Espagne 1812 et 1814

  • WERNERT André : fils d'Antoine, meunier, et de Catherine MARTZ, né le 29 novembre 1775, 30ème brigade d'Infanterie en ligne, fusilier, réformé pour infirmité

  • VETTER Joseph : fils de Blaise, agriculteur, et de Anne Marie VOEGEL, 30ème demi-brigade d'Infanterie, fusilier, réformé pour infirmité

  • WELCKER Vincent : fils de François Ignace, cordonnier, et de Catherine SAAS, né le 26 juin 1778, 30ème demi-brigade d'Infanterie de ligne, fusilier, blessé le 24 décembre 1806 à Szarnowo Pologne et le 8 septembre 1807 à Eylau en Russie, mort à l'hôpital d'Obrowitz le 28 octobre 1809 des suites de la fièvre

  • VOEGEL Anselme : fils de François Antoine, tailleur, et de Anne Marie KLEIBER, né le 28 mai 1777, fusilier, 30ème demi-brigade d'Infanterie de ligne, réformé pour infirmité le 16 germinal An 11

  • FREYDER Augustin : fils de François Antoine, tisserand, et de Catherine KRIEG, né le 2 janvier 1778, 30ème demi-brigade d'Infanterie de ligne, grenadier, blessé le 8 février 1807 à Elnau en Russie, hospitalisé et manquant, rayé des listes et déclaré disparu le 31 août 1807

  • LUTZ Laurent : fils de Blaise, agriculteur, et Marie Barbe FREYDER, né le 11 septembre 1778, 30ème demi-brigade d'Infanterie de ligne, fusilier, réformé pour infirmité le 16 germinal An 11

Dans les registres militaires du Ministère des armées, mémoire des hommes, la carte militaire individuelle nous éclaire sur la taille, les distinctions physique etc. Une source inestimable (Sources : Archives de Valff, Mémoire des hommes et Ministère des armées)

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.