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André, à gauche en bas, Roger, au centre, entouré de ses parents

Dans notre première partie de l'histoire de la famille WEILL de Valff, nous avons laissé André et Roger à l'école communale du lieu. La vie est insouciante. Roger comme tous les juifs adolescents fête sa Bar Mitzvah. C'est le passage symbolique de chaque garçon juif à la majorité religieuse. La famille WEILL est encore heureuse. Roger affiche un grand sourire. Nous sommes en 1937, deux ans avant le début des jours obscurs. Le début de la deuxième guerre mondiale avec comme conséquence l'exil dite en zone libre aura un dénouement fatal pour Roger. Mais laissons André relater les événements et les péripéties d'arrivée dans leur nouvelle région d'adoption.

Roger trouva refuge dans la petite localité de Saint-Alrye-d'Arlenc, une petite commune française située dans le Puy de Dôme en région Auvergne Rhône Alpes. C'est là qu'il fit vraisemblablement la connaissance de la famille d'un des plus grand chefs de la résistance originaire du lieu : Pierre BROSSOLETTE. BROSSOLETTE sera capturé en mars 1944 par les allemands. Après trois jours de tortures, il préférera se suicider en se jetant par la fenêtre du siège de la Gestapo à Paris.

Nous n'avons que très peu d'informations concernant les activités de Roger dans le réseau Brutus. Il fut nommé sous-lieutenant et participa vraisemblablement à certaines opérations de guérilla dans la région. La répression allemande ne se fit guère attendre. Attentats, et représailles se multiplièrent. Ce que nous savons est que sa dernière adresse connue est le n°82 quai Perrache à Lyon. Roger est finalement arrêté et conduit à la prison de Fort Montluc, dont le chef nazi n'était autre que le tristement célèbre Klaus BARBIE. Ce dernier a été impliqué, entre-autre, dans la mort du chef de la résistance Jean Moulin et la déportation des 44 enfants juifs d'Izieu. Il paraît vraisemblable que Roger ai été arrêté en tant que juif plutôt que celui de résistant. Cette dernière activité lui aurait valu d'être fusillé sur le champ. Néanmoins, dans son témoignage, André a sous-entendu que Roger aurait été dénoncé.

Dernière photo de Roger

La suite on la connait : départ pour Drancy près de Paris, le convoi de train n°77, arrivée à Auschwitz. Dans un document qu'a remplit André après la guerre, il écrit que Roger est décédé dans le camp de concentration de Mauthausen en Autriche. Le destin de Roger pourrait être confondu avec un homonyme, né à Bischheim, qui fut lui aussi transféré à Auschwitz puis à Mauthausen via Sachsenhausen. Ce dernier survécut. Il sera libéré en mai 1945 à Ebensee.

Liste des déportés du convoi 77

Dans certains relevés, la date avancée de la mort de Roger est le 17 février 1945 à Auschwitz. Ayant échappé à la marche de la mort suite à l'évacuation du camp par les allemands sous la pression de l'avancée russe, il serait décédé à 21 ans quelques jours après la libération du camp par les soviétiques.

Mais dernièrement cette hypothèse est mise en doute par la mise en ligne de documents issus des différents camps de concentration. C'est ainsi que nous apprenons que Roger a véritablement été au camp de Mauthausen. La date de naissance faisant foi. Nous connaissons même son numéro de prisonnier. C'est le n°121436 que les allemands avaient l'habitude de tatouer sur le bras des malheureux. Aurait-il été transféré à nouveau à Auschwitz pour y mourir ? Cela parait invraisemblable. Par contre ce que nous savons, c'est que le 25 janvier 1945 une fiche signalétique du camp de Mauthausen enregistrait encore Roger avec la mention : juif, carrossier automobile. Le camp sera libéré par les troupes américaines le 5 mai 1945. Le nombre de prisonniers morts à Mauthausen est estimé entre 120 000 et plus de 150 000.

Son père Henri décédera à Strasbourg en 1947. Quant-à la famille WEIL, relatée dans la première partie de ce sujet et voisins des WEILL, André VOEGEL donne le témoignage suivant :

Sources :