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Dans les archives de la commune de Valff est classé un registre répertoriant les accidents du travail des travailleurs agricoles. Le registre englobe la période de juillet 1932 à juillet 1955. Le secrétaire de mairie y détaillait le nom de l'accidenté, son numéro de maison, date de naissance, date de l'accident, lieu, témoins, nom du médecin, blessures et pour finir la date de l'enquête du représentant administratif, soit un petit inventaire des bobos de nos aïeux.

Etienne SPECHT, n°100, 75 ans, le 9 janvier 1932

Etienne avait l'intention de chercher des bûchettes de bois dans sa remise et pour se faire est monté sur le siège de la charrette stationnée devant. La planche a cédé et notre Etienne a dégringolé dans la limonière relevée de la charrette. Coincé, il a eu de la chance que son voisin Joseph ANDRES a entendu ses appels et l'a accompagné dans sa chambre. Le docteur ADLOF de Barr a été appelé pour la première fois ... cinq mois plus tard !

Léonie LUTZ, n°260, 53 ans, le 17 mai 1932

L'accidentée était occupée de sarcler un champ de blé dans le Langefeld. Après le travail elle monta sur la charrette, glissa et se foula la jambe droite. Son mari Aloïse l'aida à remonter sur la charrette avec une foulure de l'épaule gauche. Il était quinze heures. Le docteur WAGNER de Barr lui prodigua les premiers soins. En juillet, on procéda à une visite d'enquête.

George MICHEL, n°141, 47 ans, le 13 juin 1932

L'accidenté est monté sur le grenier à foin pour chercher de la litière pour ses porcs. Voulant descendre l'échelle avec une brassée de foin, il a loupé un barreau et est descendu d'un mètre cinquante en une fois. Bilan : entorse et une foulure au pied droit. L'enquête a été diligentée le mois suivant.

Joseph SAAS, n°11, 83 ans, le 26 juin 1932

Son épouse a enlevé les germes des pommes de terre dans la cave et a posé le panier dans le corridor avant d'envisager de le vider sur le fumier. Joseph, serviable, voulant aider sa femme a pris le panier, est descendu l'escalier menant à la cour, a glissa et s'est blessé à la jambe. Le docteur WAGNER est venu prodiguer les premiers soins ... sept jours plus tard.

Louis HIRTZ, n°21, 74 ans, 25 juillet 1932

En fauchant le talus le long de son pré, Louis a dégringolé dans le fossé et s'est foulé le genou. Son fils qui ramassait du foin l'a ramené à la maison. La déclaration d'accident n'est enregistrée que le 9 septembre.

Antoine SCHULTZ, n°279, 75 ans, le 2 août 1932 à 19h00

Antoine a abreuvé une génisse. En voulant la ramener dans son étable, elle a rué et Antoine a été renversé. Il souffre de douleurs au ventre soignées par le docteur WAGNER.

Aloïse PETER, n°190, 55 ans, le 17 août 1932

L'accidenté a monté du tabac dans sa grange avec son fils Eugène à l'aide d'une corde munie d'un crochet. Le fils laissa échapper la corde et le crochet frappa l'oeil droit d'Aloïse posté en dessous. Il s'en suivi une forte hémorragie. Il dut se rendre chez le docteur SPINNHIRNY à Strasbourg.

Veuve Joséphine HALMENSCHLAGER, n°229, 61 ans, 19 septembre 1932

L'intéressée s'était écorchée le doigt quelques jours avant avec une boite de conserve. La plaie s'était refermée. En balayant la cour, la plaie s'est ouverte et a provoqué un empoisonnement du sang. Elle a du être opérée d'urgence. Le suivi de l'enquête a été fait en novembre.

Charles FREUND, n°24, 33 ans, le 18 octobre 1932

En cherchant du foin, l'échelle a glissé et il s'est retrouvé par terre. Blessure à la jambe.

Auguste OERTHEL, n°71, 35 ans, le 21 octobre 1932

A rentré les betteraves fourragères et s'est blessé en tombant sur la roue arrière de sa cariole et s'est pris en plus le chargement sur la jambe.

Séraphin SAAS, n°25, 70 ans, le 7 décembre 1932

Après avoir aidé son fils a distiller du marc, il a voulu jeter les restes sur le fumier, a glissé et est tombé sur le côté gauche. 

Joseph BURGSTAHLER, n°44, 64 ans, 30 janvier 1933

En nettoyant l'écurie avec la fourche, il glissa, la fourche se prit dans la roue de la charrette et le manche de la fourche s'abattit sur la clavicule qui cassa.

Eugène DONATH, n°220, 37 ans, le 23 février 1933 et ensuite ...

Eugène est un cas ! Comme nous allons le voir, il va multiplier les accidents. A l'époque de ce premier accident transcrit, il est jeune marié. Son penchant pour l'alcool va l'entraîner vers une fin tragique. Donc, ce jour là, en revenant de ses vignes de Zellwiller où il avait mis du fumier, au moment de descendre de la voiture, son cheval avance sèchement d'un pas et Eugène tombe à la renverse sur la tête. Le 28 juin 1933 son père, Xavier, tombe en chargeant la voiture avec du foin dans les champs. Malgré des compresses, son poignet ne cesse d'enfler, il arrête de travailler. Il décèdera en février de l'année suivante. Le 15 octobre 1933, Eugène va à Obernai en faisant un premier crochet par Goxwiller ce dimanche, dit-il, pour aller acheter du foin et de la paille pour son bétail. Voulant retourner à Goxwiller, à environ 400 mètres, il est hapé par une automobile qui le projete sur la bas côté de la route, le conducteur prend la fuite. Il reste inanimé sur la route jusqu'à ce qu'il est découvert par un habitant de Goxwiller qui le conduit à l'auberge HANG couché dans une voiture d'enfant. En auto, Monsieur HESS, le transporte à la maison de Valff où le docteur ADLOFF ordonne de le transférer immédiatement à l'hôpital avec une double fracture du crâne et le bras gauche brisé par une fracture ouverte. Le 28 septembre 1934, Eugène, saoul, allume sa grange en laissant à l'intérieur ses deux enfants de un et deux ans qui seront sauvés in extrémis. Le 27 octobre 1934, sa femme Elise met fin à ses jours à l'âge de 21 ans. Le 20 janvier 1935, sa fille, Marie Rose décède à l'âge de 1 an. Le 8 avril 1937, la mère d'Eugène se fait ausculter par le médecin qui constate un abcès et une excroissance peut-être cancérigène. Le 17 mai 1937, Eugène reçoit, dit il, un coup de pied du cheval qui le blesse au pied droit. Le 14 juillet 1939, Eugène déclare s'être blessé une veine en heurtant une échelle en voulant rattraper son cheval. Le 26 juillet 1940, sa mère déclare une grosse plaie au pied droit. Le 2 juillet 1941 Eugène se blesse à la main. En octobre, il déclare une blessure au coude gauche. Le 30 octobre 1944, on lui diagnostique des blessures internes. Sa mère fuit Valff pour Stotzheim et décède en 1946. Le 8 janvier 1948 une nouvelle blessure grossi la liste. Le 17 avril 1951, Eugène fait parler de lui, une dernière fois, en tombant dans la Kirneck avec son vélo, saoul une fois de plus, et se noie !

Joseph SCHULTZ, n°186, 37 ans, le 20 décembre 1933

L'intéressé a eu un coup de pied sur le genou gauche d'un veau de trois mois.

George HERMANN, n°22, 61 ans, le 13 février 1934

Le blessé a voulu chercher une botte de tabac accrochée dans le grenier de sa maison. L'échelle, posée sur un chevron s'est renversée quand le chevron s'est cassé. Monsieur HERMANN est tombé avec l'échelle. Bilan : fracture de l'épaule gauche.

Marie RIEGLER, n°203, 60 ans

L'intéressé voulait traire ses vaches. Elle voulait s'assoir sur son tabouret quand ce dernier se renversa et Marie se retrouva sur le dos sous la vache d'à côté. La vache s'est mise à la piétiner. Marie s'en sort avec une fracture des côtes, un écrasement du sein, du bras droit et de la jambe droite.

André HIRTZ, n°53, 14 ans

Le blessé a reçu l'ordre de son père de chercher le cheval chargé de blé et de le conduire devant la maison FRANCK. Monté sur le cheval, il a tenté de descendre mais s'est emmêlé le pied dans les sangles. Dans sa chute il se fractura le radius et le cubitus du bras gauche.

Victor LEOPOLD, n°63, 50 ans

Victor voulant cueillir des pommes, au lieu-dit Muhlmatten, est monté sur une échelle. Arrivé à la dixième marche, l'échelle s'est enfoncée dans l'arbre et Victor s'est fracturé l'épaule gauche.

Eugénie RIEGLER, n°14, 40 ans

Eugénie était en train de traire quand deux vaches se mirent à se disputer. En voulant les séparer, une des vaches lui asséna un coup de pied et la blessa au tibia droit.

Marie HIRTZ, n°29, 42 ans

Marie voulait aider son mari Louis à soulever un tonneau vide. Debout sur la marche supérieure de l'escalier en pierre, elle glissa et se fractura le coccyx. Ouille, ouille, ouille !

Le travail c'est la santé, rien faire c'est la conserver ... ♫ ♫ ♫ ...