Au début du siècle, seule l'observation de la nature permettait de prévoir la météo. L'année 1999, aux conditions atmosphériques perturbées, a connu de fréquents orages et ceci, bien avant la période habituelle. Les anciens disaient que le temps des orages se situait vers la mi-août. Bien sûr, un orage même violent pouvait survenir à tout moment de l'été. Rappelons l'ouragan du 19 juillet 1936, qui a causé d'importants dégâts dans le village et dévasté toute la récolte. Il y a 60 ans et plus, on ne disposait pas de « l'info météo » comme aujourd'hui. Alors les paysans, qui ont toujours été tributaires du temps, devaient se baser sur leurs propres observations et celles transmises par les générations antérieures.

Nos ancêtres regardaient le ciel dès l'aube ; mon père jetait un coup d'oeil vers le levant : si l'aurore accusait une bande horizontale claire entre deux nuages foncés, il disait que le mauvais temps s'annonce, ou alors, s'il y avait du brouillard le matin, il convenait de voir s'il « remontait » ou s'il « tombait », selon son expression. Dans la première éventualité, bien que le soleil se mettait à briller après dissipation de la brume, il était évident que l'après-midi serait perturbé par des coups de tonnerre suivis de pluie. Mon père qui coupait de l'herbe à la faux le matin, constatait alors que « c'était dur, car il n'y avait pas de rosée », ce qui était un indice supplémentaire. Il fallait subir également les taons, ces maudites mouches qui, lorsque le temps devenait orageux, s'acharnaient cruellement sur gens et bêtes. Ces insectes perçaient la peau des chevaux, des vaches, des boeufs, ... et des humains pour sucer leur sang et leur acharnement s'accentuait avant l'orage ou par temps très lourd et chaud. Ils se jetaient littéralement sur leur proie, totalement inconscients du danger de se faire écraser par la main vengeresse de la personne attaquée. Pour protéger les bêtes (vaches, boeufs, chevaux), on les barbouillait avec une huile odorante spéciale (Emouchine - Brameôl). Il existait aussi un filet garni de cordelettes flottantes dont on couvrait les chevaux pour éloigner les mouches (émouchette).

Les gens de la campagne disaient « as esch schwel » lorsque le temps était lourd. Les hirondelles volaient bas parce que les mouches se rapprochaient du sol. Les fourmis volantes étaient également plus actives et les volailles de la bassecour se réfugiaient dans le poulailler ou se rassemblaient dans un coin de la ferme. La chaîne des Vosges foncée et semblant se rapprocher était aussi un signe de pluie (encore une formule de mon père). Le mont Saint Odile semblait être plus proche en cas de pluie. Enfin, le soir, il fallait regarder le coucher du soleil : « si le soleil se couche dans un sac, cela n'annonce rien de bon pour le jour suivant ». Par contre, un beau coucher de soleil est signe pour un lendemain ensoleillé : « Owe rot, morn e scheener Tag gerot - Owe gal, mornemorja drack vor der stay ».

On observait aussi le séchage du sol de la cuisine lors du récurage : si les carreaux tardaient à sécher, c'était un signe d'humidité de l'air ... Le vent du nord préservait un temps stable et beau. Par contre, si on entendait le train passer à Goxwiller, dû à la direction du vent qui venait du coin de Boersch, un temps plus médiocre était à craindre. Chaque paysan avait quelque part dans sa ferme une pierre en grès des Vosges qui était souvent le témoin du beau et du mauvais temps, selon son aspect humide ou sec. Quand les nuages orageux revenaient du Ried, il y avait un gros risque de grêle et d'une tornade pouvant causer d'importants dégâts aux cultures. Un proverbe ironique dit : « quand le coq chante sur le fumier, le temps change ou reste comme il est ».

Ainsi, c'était la nature que nos anciens interrogeaient. D'autres indices qu'ils avaient découverts au cours des siècles s'avéraient souvent efficaces, surtout pour les prévisions à courte échéance. Les infos de la météo ne sont actuellement pas toujours fiables, les caprices du temps sont souvent surprenants.

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Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.