Léproserie au Moyen-âge

Des lépreux ? Où ça ? A Valff ? Eh oui ! Manifestement cette maladie que l'on connait plus à travers les récits de la bible ou de certains pays du tiers-monde a aussi causé ses ravages dans notre région.

Dans un registre de 1668 est mentionné un champ entre Zellwiller et Valff situé « Bi dem Malozenhüss » (près de la léproserie). C'est la seule mention connue à ce jour de ce lieu.

Carte de Haulte et Basse Elsace par Christophe TASSIN (1640)

Carte des léproseries en Alsace du XIIIe au XIXe siècle (revue d'Alsace par Elisabeth CLEMENTZ)

A l'époque, dans les grandes villes comme Strasbourg, Obernai etc ... on avait établi des commissions de diagnostic. Ces dernières étaient composées de médecins qui se rendaient chez les susceptibles malades, éventuellement de la lèpre, et procédaient à l'examen des urines, du sang, de la peau, de l'haleine et plus si affinité ! Si la maladie était constatée, le pauvre ou la pauvre contaminée se voyait rapidement marginalisée. Nul besoin d'ajouter que le corps religieux ajoutait en plus de la honte, la culpabilité d'une éventuelle malédiction divine faussement étayée par des récits bibliques. Les malades étaient alors considérés comme « Unrein und Schuldig » (impurs et coupables). Inutile de préciser que (pour sauver leur peau), beaucoup contestaient le diagnostic.

Les malades avérés étaient alors isolés hors de la ville ou du village dans une léproserie, la plus proche du coin. A Strasbourg, elle avait été construite à côté d'une chapelle à l'extérieur de la Porte de Pierre. Une léproserie est mentionnée également à Obernai déjà au XIIe siècle. La maladie touchait plus d'hommes que de femmes.

La vie à la léproserie 

Accueilli à la léproserie, le pauvre était considéré en quarantaine. Les malades étaient entretenus, si possible, par la famille qui déposait de la nourriture ou le nécessaire à proximité du bâtiment. Les communautés religieuses qui étaient responsables du site, pourvoyaient au reste. Les malades pouvaient circuler librement mais étaient dans l'obligation de se signaler. Les léproseries étaient souvent construites près de routes fréquentées. Cette situation permettait, à distance respectable, aux malades de solliciter les voyageurs et passants pour un don ou une petite offrande. Il est à supposer que la léproserie de Valff se trouvait donc proche de la route. Il existait un croisement très fréquenté qui menait à Barr et Andlau. La situation géographique était parfaite. D'anciens chemins entouraient un lopin de terre en forme de triangle au centre, mais ce n'est qu'une conjecture (voir plan).

A Haguenau, les registres indiquaient que les malades séjournaient dans leur demeure pendant une moyenne de 4 à 5 ans. Après ce temps, s'ils étaient considérés comme guéris, ils pouvaient retourner chez eux. Inutile de préciser que le terme: lépreux, leur collait bien bien longtemps à la peau ...

Lorsque vous passerez sur la route, entre Zellwiller et Valff, ayez une petite pensée pour ces pauvres hères qui, il y a fort fort longtemps, séjournaient là, isolés et bannis. Imaginez les ! ils vous tendent la main pour une petite aumône charitable. Heureusement la léproserie a disparu. Combien d'innocents, on ne sait, malade d'une quelconque infection cutanée non contagieuse et qui n'avait rien à voir avec la lèpre se sont peut-être retrouvés là. « Schuldig ! Aussätzige ! Uffsätzige ! ». Merci, la médecine moderne !

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.