Le char moyen Sherman M4A2 « Tardenois » est associé à l'histoire de Valff. Il fut le premier char de la 2e Division Blindée à entrer dans le village en novembre 1944, et malheureusement touché, sa carrière s'arrêta aussi ici. Retour sur son parcours ...

Le char Sherman M4A2

Le char américain modèle M4 est le char américain le plus produit de la seconde guerre mondiale. 50 000 exemplaires furent produits. Il est surnommé « Sherman » en référence au général de l'union, Wiliam Tecumseh SHERMAN. Conçu dès 1940, sa production en série débute en 1942 alors que les États-Unis viennent juste d'entrer en guerre le 7 décembre 1941. 1000 exemplaires / mois sont produits dès l'été 1942, et ensuite acheminés vers tous les théâtres d'opérations.

Dénommé M4, les premières améliorations mènent au modèle dit « M4A1 » puis au « M4A2 » à partie de juillet 1942. Pour cette version, la caisse du char est soudée (facilitant une production de masse), et il reçoit un nouveau moteur diesel Général Motors FM6-71 de 13,7 l de cylindrées (qui n'est autre que 2 moteurs de bus jumelés !). D'autres modèles suivront avec les variantes « M4A3 », « M4A4 ».

Il est équipé dans sa version M4A2 de 1 ou 2 mitrailleuses d'un calibre de 7,62 mm et de 1 ou 2 mitrailleuses de 12,7 mm, d'un canon de 75 mm, descendant direct du 75 mm français modèle 1897, tirant des obus, soit perforants (anti-char), explosifs ou fumigènes. La conception n'est pas novatrice, car descendant du char M3 mais suffit en 1942 à surclasser les chars ennemis. En 1944 en revanche, face aux nouveaux chars allemands modèles Panther et Tigre, le canon 75 mm se révèle trop peu puissant. Il est servi par 5 hommes d'équipage (1 chef de char, 1 conducteur, 1 chargeur, 1 tireur et 1 mitrailleur) eux même armés d'armes individuelles « légères » (pistolets, pistolets-mitrailleurs).

Dès la campagne de Normandie (6 juin - fin août 1944), le M4 révèle des faiblesses : canon insuffisant pour d'autres usages que l'appui d'infanterie, blindage insuffisant, silhouette trop haute, manque de maniabilité, pression au sol trop forte (problèmes dès que le terrain devient boueux). Ses avantages : une grande autonomie (conçu pour mener des raids en profondeur derrière les lignes ennemis, c'est ainsi qu'il va être utilisé en Alsace), une conduite de tir avec stabilisation gyroscopique (révolution à l'époque), et la quantité disponible !

Le Sherman « Tardenois » de la 2e DB

Les chars Sherman M4 sont distribués (vendus !) par les Etats-Unis à tous ses alliés, y compris l'URSS, la Grande-Bretagne et la France libre. C'est ainsi que la 2e Division Blindée française se retrouve ré-équipée de matériel américain et perçoit des M4 Sherman dès 1943. Dans la tradition militaire française, chaque char reçoit un nom :

  • 1er peloton : provinces du Pays de Loire
  • 2ème peloton : provinces du Midi et Massif central
  • 3ème peloton : provinces du Nord-Est
  • 4ème peloton : provinces du Sud-Ouest

On retrouve au sein de la 3ème escadron, des chars dénommés « Picardie », « Cambresis » (détruit à Neuf Brisach), « Ile de France » (détruit en août 1944), « Franche-Comté », « Champagne », et celui qui nous intéresse : « Tardenois », du nom de la région historique à cheval sur les départements de la Marne et de l'Aisne, au sud des Ardennes. Région d'autant plus importante pour les militaires, car lieu d'une importante bataille durant la Première Guerre Mondiale.

Le char Tardenois est affecté l'unité suivante :

  • 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, R.C.A., commandé par le Colonel Paul GIROD DE LANGLADE
  • 3ème Escadron de Combat, commandé par le capitaine de BORT
  • 2ème Peloton

Pour rappel :

  • Division : environ 12 000 hommes, 4200 véhicules pour la 2ème DB
  • Régiment : environ 1200 hommes
  • Escadron : environ 120 hommes (appellation chez les troupes historiquement « à cheval », chez les troupes « à pied » cela s'appelle compagnie)
  • Peloton (appelation chez les troupes historiquement "à cheval", chez les troupes « à pied » cela s'appelle section) : environ 30 à 50 hommes

Un escadron blindé, sur le modèle des unités américaines, compte ainsi 17 chars, 3 Half Track de soutien ateliers, 2 camions Dodge de soutien pour des pièces détachés, 1 GMC carburant et 1 à 2 jeeps de commandement.

L'équipage

Son chef était le Maréchal-des-Logis LAUNNOIS, originaire des Ardennes. Son canonnier est René SIMANTOB. Voici son témoignage (DNA du 28 novembre 2014).

Son histoire

Le « Tardenois » était numéroté n°43. Construit aux États-Unis, il est débarqué en Normandie en 1944.

Dans cette vidéo, on le voit à 1:25 et 1:31 min le 1er août 1944 ! On le retrouve le 12 septembre 1944 du côté de Vittel (source).

Sa campagne de libération de la France au sein de la 2e Division Blindée se termine entre Valff et Zellwiller.

Sur la photo de la collection d'Antoine MULLER, on voit la carcasse au bord de la route entre Valff et Zellwiller, immobilisé par les Allemands le 28 novembre 1944. Sur la photo, cinq jeunes gens de Westhouse, de passage, quand le char gisait encore au bord de la route. MOSER Edouard - REIBEL Louis - HUCK René, HAEGELI Prosper - Inconnu (accroupi)

Quand le Tardenois, témoin d'une bataille, devient objet de souvenir ... On reconnaît sur cette photo les demoiselles Paulette et Renée DENEFELD (collection privée et collection R. SCHWENDER - Extrait du livre : « Si Zellwiller nous était conté »)

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.