Le calvaire du cimetière de Valff en 2021

Implanté derrière l'église Ste Marguerite le cimetière de Valff s'étend sur 2000 m². Outre le nombre de 309 tombes en place sur l'ancien cimetière, un nombre important de monuments de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle est répertorié. 25 monuments ont été recensés et fichés dans le cadre d'un travail d'inventaire des monuments anciens. Une série de 12 fragments d'anciens monuments est incorporée dans le mur d'enceinte du cimetière et qui datent du début du XVIIIe siècle.

La disparition des monuments anciens s'accélère de façon dramatique à l'heure actuelle, où l'on préfère remplacer par des monuments en marbre les monuments anciens plutôt que de les entretenir et les réparer. Les monuments en grès sont, par ailleurs, victimes de leur exposition prolongée à la pluie et aux intempéries et souffrent de l'humidité, du gel et du dégel, qui fragilisent la pierre et la font s'effriter. Le monument, en particulier le texte de l'inscription funéraire, se dégrade rapidement dès que le processus de salpêtrage est engagé. Il convient donc de recenser et de déchiffrer au plus vite certains monuments avant que leur dégradation ne soit irrémédiable et les rende anonymes et impossibles à dater avec précision. La datation des monuments se fait à partir des dates de décès relevées sur les monuments, une fourchette peut être fournie pour chaque type : date la plus ancienne et date la plus récente relevées sur les inscriptions funéraires.

Ancien cimetière derrière l'église Ste Marguerite (Archives de la Ville de Strasbourg, Fonds Blumer de 1935, image recolorisée)

Comment protéger au mieux les anciens monuments funéraires ? Il s'agit de réfléchir à la meilleure façon de sensibiliser les familles, les associations d'histoire locale et les élus responsables des cimetières à l'intérêt de ce patrimoine. L'objectif, c'est d'unir toutes les bonnes volontés pour que les monuments funéraires des XVIIIe et XIXe siècles soient conservés. Il arrive que des municipalités favorisent l'installation d'un monument, qui doit absolument être déplacé, le long du mur du cimetière. Le grès sculpté a longtemps permis aux artisans de livrer des monuments très ouvragés. Les monuments en granit sont en effet vendus pour leur résistance et facilité de nettoyage.

Les croix en fonte

Il est cependant un autre type de monuments en voie de disparition. Ce sont les croix en fonte ou fer forgé. Certaines sont déjà déplacées. Implantées sur un socle de pierre souvent modeste, elles sont de taille moyenne (1m20 à 1m40). Deux croix visibles sur notre cimetière, ont des motifs iconographiques. Qu'on trouve à l'intersection des bras de la croix : le crucifix entouré de faisceaux de rayons. A mi-hauteur, se trouve la plaque avec le nom de la famille à qui appartient la tombe ou le nom du défunt ou de la défunte. Il existe une croix en fer forgé d'une conception plus moderne que la fonte, elle ne porte pas de motifs iconographiques. Les croix en fonte ont été « à la mode » vers le fin du XIXe siècle. Tous les cimetières en contiennent. On peut se demander qui les a fabriquées. Ce sont des produits industriels. Les fonderies sont soit de grandes entreprises comme Dietrich à Niederbronn-Reichshoffen, soit des entreprises plus petites comme la fonderie Demange à Saverne. Plus modestes que les monuments de pierre, ces croix en fonte mériteraient aussi une action de sauvegarde.

Les croix en bois

Il est de tradition que lors des inhumations une croix de bois portant le nom, prénom et âge du disparu, soit plantée sur le tertre de la tombe. Ces croix étaient jadis (comme les cercueils d'ailleurs) l'oeuvre de menuisiers locaux. Ceux-ci possédaient chacun un gabarit d'après lequel ils découpaient la croix. Ainsi naquit une certaine variété, tant par la forme que par la décoration de ces croix, qui pour la plupart, étaient en chêne. Souvent ces croix étaient surmontées d'un petit toit en bois où étaient abritées par un avent en tôle.

Historique

Initialement le cimetière de Valff entourait l'église Ste Marguerite (à lire dans l'ouvrage « De Valva à Valff », page 301). En 1848 la commune décide l'acquisition de deux terrains coté Nord pour la première phase d'aménagement du cimetière actuel. Un agrandissement du cimetière se réalise en 1879. La bénédiction de la nouvelle partie du cimetière a eu lieu le 2 juin 1879 par le curé RIEFFEL conformément à l'autorisation épiscopale. Vu l'évolution démographique de la population, grâce à la réalisation de quelques tranches successives dans le lotissement, il s'avérait nécessaire prévoir un nouvel agrandissement du cimetière. Cette réalisation fut achevée en 1987, avec possibilité de créer 65 tombes. Un columbarium a été construit depuis la rédaction de ces archives.

Le cimetière de Valff en 1934

Les concessions

A partir du 17 mars 1881, les concessions de terrain sur le cimetière communal entrent en vigueur. Pour une concession à perpétuité il fallait payer à cette époque 200 Marks. Une concession sur 30 ans valait 100 Marks et sur 15 ans les frais s'élevaient à 40 Marks. Les premières concessions à perpétuité ont été accordées à des familles nobles qui avaient les moyens financiers de faire ériger pour les défunts de leurs familles des monuments plus imposants qu'une simple croix en bois. Les concessions à durée limitée (15 ou 30 ans) étaient plus courantes surtout pour des familles plus modestes. Les familles pauvres ne possédaient pas de concessions.

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.