1913, le Barrer Kanton’s Blatt nous régale encore avec une chronique au titre bien choisi : « Das nennt man Bech haben », autrement dit, quand la poisse s’invite chez vous et s’installe sans payer de loyer. Voyons donc ce qu’il en est.
Il y a quelque temps, l’agriculteur ROSFELDER envoya son fils en mission : conduire une de ses juments et son poulain jusqu’à Goxwiller. Mission simple, pensait-il … sauf que la jument, décidée à se faire la belle, se cabra d’un coup sec et tenta de filer. Le fils, opiniâtre, s’agrippa aux rênes. Résultat : cheval et bonhomme se retrouvèrent au sol. Le garçon termina écrasé sous la bête, pied droit cassé, pendant que la jument, par solidarité, se fracturait aussi les pattes.
Vendanges à Goxwiller en 1930 (Fond BLUMER, archives de Strasbourg)
Heureusement, un employé du chemin de fer – prompt et héroïque – vit la scène et courut chercher de l’aide, et le jeune ROSFELDER finit plâtré à l’hôpital de Strasbourg. On pourrait croire que l’histoire s’arrête là. Mais non ! Dimanche dernier, un nouveau coup du sort frappa le pauvre ROSFELDER : une autre de ses juments de trois ans, estimée à 1000 Marks, fut terrassée par une pneumonie et rendit l’âme. On commença alors à espérer que le mauvais sort prendrait congé.
Vers 1930 à Gertwiller (Fond BLUMER, archives de Strasbourg)
Mais non ! ROSFELDER, accaparé par ses soucis, céda son chien grincheux à son gendre. Mal lui en prit ! À peine le chien parti, des garnements avertis flairant la bonne affaire s’introduisirent dans sa basse-cour et raflèrent dix lapins de race, le coq, et deux superbes poules blanches américaines, de nobles Wyandottes. Les autres bestioles de la basse-cour ? Même pas regardées : visiblement, les voleurs étaient des spécialistes.
Bref, chez les ROSFELDER, quand la poisse s'invite, elle ne fait pas semblant. On ne peut que leur souhaiter que la prochaine fois, Dame « Bech ou Pech selon le côté du Rhin » aille voir ailleurs !
Bas village de Valff vers 1930 (Fond Antoine MULLER)
Le vol de Valff n'est pas isolé. En 1913, en août de la même année à Westhouse, le journalier KORNMANN a eu la mauvaise surprise de découvrir la disparation de sept de ses lapins les plus gras. Le voleur a en plus fauché son vélo que l'on a vu pédaler en direction de Kerzfeld. Dans ce lieu, le menuisier WERNER recherche également ses 80 poulets et de nombreux lapins de race qui se sont envolés comme les poulets.
En septembre, à Zellwiller, les sœurs gardes-malades ont fait venir la police locale avec un chien renifleur pour retrouver l'auteur du vol de leurs lapins. Le chien a passé par-dessus le mur de l'église puis s'est arrêté devant la maison du voisin. Les sœurs ont offert une forte récompense pour arrêter le coupable. On espère que les preuves du vol n'ont pas encore fini en civet…
Remerciements à Christian SCHMITTHEISLER de Barr, Mémoire et Traditions pour le partage des informations.