Carreleur, Émile QUIRIN est à 43 ans un repris de justice. Auteur de plusieurs vols dans le quartier du Neudorf, à Strasbourg, il tuera d'une balle en plein coeur le maréchal des logis Léon NAST, 40 ans, venu l'arrêter le 20 octobre 1927 le condamnant à la peine ultime. Il sera guillotiné le 8 février 1929. Retour sur sa vie tumultueuse.

10 mai 1921 : l'affaire des fraudes de Sarreguemines

9 mai, le tribunal correctionnel régional de Sarreguemines a jugé la fameuse affaire de fraude de douane de denrées alimentaires provenant des stocks américains et destinés à l'Allemagne. Plus de 100 wagons de lard, graisse, savon passèrent la gare de Sarreguemines sous de fausses dénominations, grâce à la complicité de douaniers et d'anciens fonctionnaires allemands. Le total des kilos de marchandises passées en fraude, atteint un chiffre formidable. 10 prévenus comparaissent et le tribunal n'en retient que quatre :

  • Victor SCHELLHORN : 18 mois de prison et 3000 francs d'amende
  • Paul ESCHENLAUB : 2 ans et 5009 francs d'amende
  • Eugène SCHWARTZ : 18 mois et 3000 francs d'amende
  • Émile QUIRIN : 3 ans et 5000 francs d'amende

Ils sont en outre condamnés chacun à des amendes de 1 million de francs à 2 et 3 millions. Marc MAYER avait pu transiger avant le jugement.

31 août 1921

À la Correctionnelle, un mois de prison, à Émile QUIRIN d'Illkirch, pour infraction à un arrêté d'expulsion d'après la gazette des tribunaux.

30 novembre 1921

Émile QUIRIN, 36 ans, journalier, à Neudorf, est condamné à 10 mois de prison pour vol de deux bicyclettes. Émile PETER, 34 ans, journalier, à Neudorf et Guillaume HEUER, monteur au même lieu, qui ont recelé ces bicyclettes, ont pris 3 mois et 1 jour de prison pour le premier nommé, le second 3 mois.

27 janvier 1922

Le carreleur Émile QUIRIN, toujours 36 ans, de Strasbourg, malgré ses nombreuses condamnations, ne se tint rien pour battu, et ayant soustrait divers objets mobiliers, au préjudice du sieur COUCHE, il motivait contre lui de nouvelles poursuites. Il fait défaut ; le tribunal prononce contre lui une peine de 18 mois de prison qui se confondront, toutefois, avec celles prononcées contre lui les 10 août 1920 et 7 juillet 1921, à 10 mois et 3 jours de prison. En outre, un autre vol de diverses marchandises, dont une bonbonne d'eau-de-vie, commis par le dit Émile QUIRIN au sieur LUX, vaut à cet incorrigible individu 20 mois de prison qui se confondront avec la peine précédente.

30 décembre 1922

Émile QUIRIN est sans domicile fixe et est recherché pour mandat d'arrêt.

31 décembre 1922

Arrestation d'un dangereux individu. La police a réussi à arrêter vendredi soir le nommé Émile QUIRIN, un dangereux  repris de justice, qui s'est évadé la veille de Noël avec 31 autres détenus de la prison d'Offenbourg. Les agents ayant appris que se trouvait dans un café de la rue Saint Aloïs s'y rendirent sous la conduite d'un brigadier. En rentrant dans le café, le brigadier reconnut immédiatement qui se trouvait près du comptoir. Aidé par ses agents, il lui mit la main au collet, le mettant hors d'état de faire la moindre résistance. Fouillé, l'individu fut trouvé porteur d'un couteau à cran d'arrêt, qu'il portait ouvert dans sa poche. QUIRIN était recherché par le parquet de Strasbourg. 

19 janvier 1923

À la suite de l'arrestation du cambrioleur Émile QUIRIN, un repris de justice de la pire espèce, la Sûreté a procédé à celle, pour complicité de vol, du nommé Emile MARTZ, journalier, âgé de 47 ans, demeurant rue de la Grossau. En outre, les nommés François NUSSBAUM, journalier, domicilié au 4 cité Spach, Émilie NUSSBAUM, épouse du précédent et Émile BRAUN, tailleur, demeurant 9, avenue Vauban, qui avaient acheté à vil prix une bicyclette et d'autres objets volés par QUIRIN furent appréhendés et conduits au parquet. Tandis que NUSSBAUM et MARTZ étaient écroués, BRAUN et la femme NUSSBAUM, cette dernière mère de 6 enfants en bas âge, étaient laissés en liberté provisoire.

Émile QUIRIN

28 février 1923

Tribunal correctionnel, Émile QUIRIN, journalier, sans domicile fixe, est encore condamné à 3 ans de prison et 10 ans d'interdiction de séjour.

17 décembre 1925

La police vient d'arrêter à Lièpvre un nommé Louis QUIRIN, qui était entré dans la chambre des époux MARCHAL et leur avait dérobé 121 francs, placés sous l'oreiller dans une cassette en fer. Après avoir nié QUIRIN a avoué le vol.

6 juin 1927 : fausse accusation

Le nommé Émile QUIRIN, actuellement détenu à la prison départementale où il purge une peine de plusieurs années de prison, est un être vindicatif qui en veut à tout le monde. Quand l'idée lui vient de créer des ennuis à un de ses parents ou amis, il les accuse d'avoir commis un crime ou un délit. C'est ainsi qu'il accusait, il y a quelques jours, son propre frère Joseph QUIRIN d'un vol de bicyclette commis en 1920 au préjudice de Georges METZGER. L'enquête faite par la Sûreté a établi que ce vol avait été commis par le dénonciateur.

21 octobre 1927 : l'assassinat au Neudorf

Un affreux crime vient de jeter la consternation dans notre population. Le chef de la brigade do gendarmerie de Neudorf, Léon NAST, a été lâchement assassiné hier soir, vers 17 heures 30, par en dangereux repris de justice, à l'entrée de la cour même du poste de gendarmerie, située route du Polygone. Le lieu du crime, la gendarmerie du Neudorf, se trouve au rez-de-chaussée d'un immeuble, dans une cour, située sur le côté gauche de la route du Polygone. Pour arriver dans les bureaux de la brigade, il faut traverser une cour d'environ 30 mètres de longueur. Cette cour, en forme de couloir, n'a qu'une largeur de cinq à six mètres et n'est pas éclairée. C'est là qu'après 17 heures, le maréchal des logis-chef NAST  amenait un malfaiteur recherché pour vol et qu'il venait d'arriver au bord du Rhin. Il lui avait passé le cabriolet à la main droite et entrait avec lui dons la cour.

Neudorf

Le revolver caché

À peine les deux hommes étaient-ils entrés, que le malfaiteur, lui, avait la main gauche libre, sortit de sa poche un revolver sans que le maréchal des logis s'en aperçût, et lui tira à bout portant un coup de feu dans la région du cœur. Des passants et les personnes qui habitent près de la brigade entendirent la détonation, puis le bruit d'un corps qui tombe. On accourut aussitôt, et on trouva le malheureux maréchal des logis NAST étendu à terre sans connaissance, le cabriolet à ses pieds, cependant que l'assassin réussissait, sans être inquiété, à pendre la faite. Il n'a pas encore été rejoint. Le crime avait été accompli avec une telle rapidité, que personne ne songea à poursuivre le criminel. On se bâta de porter secours au blessé et on avisa l'hôpital qui d'urgence envoya l'automobile d'ambulance qui transporta NAST à l'hôpital civil. Mais la malheureuse victime succomba avant d'arriver.

La victime

Léon NAST était âgé de 40 ans. Il était marié et père de trois enfants, originaire d'Osenbach (Haut-Rhin), il s'était engagé avant la guerre dans la Légion étrangère ; plus tard, il se conduisait brillamment sur le front, ce qui lui valut la Croix de guerre et la Médaille militaire. Titulaire de plusieurs autres décorations en possession du brevet d'interprète militaire, il entra ensuite dans la légion de gendarmerie d'Alsace et de Lorraine où il passa brigadier à Strasbourg. puis maréchal des logis et maréchal des logis-chef à Kehl. Il était inscrit après 13 ans de services au tableau d'avancement avec le n° 9 pour le grade d'adjudant. Hier, il avait reçu la médaille des évadés. C'était un chef très sympathique et très aimé autant de ses supérieurs que de ses subordonnés Tous ceux qui le connaissaient déplorent cette fin tragique et prématurée et plaignent sincèrement sa famille.

L'assassinat

D'après les témoins qui le poursuivirent, le signalement du malfaiteur serait le suivant : c'est un individu de haute taille, aux cheveux bruns et ayant une petite moustache taillée à l'américaine. Il est vêtu d'un complet sombre et parle le dialecte alsacien. Son identité fut établie au cours de la soirée : c'est un nommé Émile QUIRIN, âgé de 40 ans, repris de justice. domicilié au Neudorf. Au moment de son arrestation, il était porteur de deux paquets de vêtements qu'il venait de dérober. On lui attribue bon nombre de récents cambriolages et vols commis au Neudorf et dans la région. Les renseignements qu'on a pu recueillir sur lui sont des plus mauvais. QUIRIN aurait pris la direction du Rhin. Son signalement exact a été transmis à tous les services de police et à toutes les brigades de gendarmerie du Bas-Rhin et les services de la police mobile de Strasbourg. Des agents et des inspecteurs ont été envoyés en auto dans la direction du Rhin qu'aurait prise le meurtrier dans sa fuite. Il est probable qu'il essaye de traverser le fleuve et de se réfugier en Allemagne.

Dans la famille de la victime

Madame NAST était occupée avec sa fille aînée Hélène, âgée de 15 ans, à la confection du repas du soir, quand elle fut officieusement informée vers 18 heures 30 que son mari venait d'être victime d'un accident dont on ignorait la gravité. « Il lui est arrivé malheur ! », s'écria la pauvre femme qui souffre d'une maladie de cœur, en s'affaissant : « Je lui ai tant recommandé de faire attention, mais il est si courageux ! ».

Maréchal des Logis Léon NAST

L'assassinat du Maréchal des logis NAST

La nouvelle fatale devait se répandre rapidement dans toute la ville, et de nombreux amis, l'air consterne, se succédaient à la maison, pauvre petit François. Il a 8 ans et pleure à côté de sa maman alitée. L'état de cette dernière ne permet pas encore qu'on lui apprenne la terrible nouvelle. Dans la soirée, on dut faire appel à l'intervention du docteur KIENTZ qui accepta la délicate mission d'assister la malheureuse. Quelle douleur ! Hélène sera la mère de famille de ce foyer désolé. Son frère Charles, age de 13 ans, est à l'école préparatoire militaire d'Autun. Sa dernière lettre parvenue hier matin contenait d'excellentes notes, et en récompense, son père, avant son départ, lui avait encore envoyé un petit colis.

Léon NAST, proposé pour Ia Légion d'honneur

Aussitôt prévenu de la fin tragique du Maréchal des logis-chef Léon NAST, M. BORROMÉE, Préfet du Bas-Rhin, accompagne du colonel RAVEL, commandant la Légion de gendarmerie d'Alsace et de Lorraine, s'est rendu à l'Hôpital civil pour saluer, an nom du gouvernement, la dépouille mortelle de cette victime du devoir. Le Maréchal des logis-chef NAST fera l'objet d'une proposition de croix de chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. 

12 novembre 1928 : un interrogatoire interminable

Le journal Le Nouvelliste d'Alsace rapporte les faits dans son édition.

Hier se sont commués, les débats de l'affaire QUIRIN. Continuant l'interrogatoire, le Président rappelle les détails du vol d'une bicyclette aux dépens de M. KNAUER dont QUIRIN est accusé. QUIRIN dit qu'il ignore ce vol et il ne peut l'avoir commis. Le Président rapporte ensuite le vol de plusieurs vêtements commis au préjudice de M. MULLER, rue de Labroque. QUIRIN prétend avoir reçu les vêtements volés et dont il a été porteur ainsi que la bicyclette d'un certain STREIFF disparu depuis 1914 dans la bataille de Morhange. Un troisième vol commis chez M. ISSENHUT à Neudorf est imputé à QUIRIN, mais n'est pas reconnu par l'accusé. Les affaires volées, notamment une bicyclette de dame trouvée chez QUIRIN lui auraient toutes été remises par STREIFF. QUIRIN n'a même jamais soupçonné que les affaires qu'il recevrait de STREIFF aient pu être volées. QUIRIN ayant besoin d'argent veut vendre les vêtements et différents objets à un certain GANGLOFF, propriétaire d'une cantine au Port du Rhin. Sur l'instance de sa femme, celui-ci refusa, mais il la pria de lui laisser les effets pour les montrer à midi aux ouvriers. GANGLOFF en vérité a voulu dénoncer QUIRIN ce que QUIRIN a compris et a voulu les prendre avec lui. Il laisse les vêtements à un certain OBRÉA qui lui paye un acompte de 25 francs. Ce dernier suspecte ces vêtements pour être volés et en parle au Maréchal-des logis NAST qui laisse une patrouille sur place, puis revient la remplacer à 1 heure, sachant que QUIRIN devait revenir à 4 heures. chercher le restant de l'argent.

En arrivant chez OBRÉA, celui-ci déclara à QUIRIN qu'il n'avait pas encore d'argent, mais il le priait d'attendre, il ouvrit la porte et le Maréchal de logis NAST en sortit. Interrogé par celui-ci, QUIRIN déclara se nommer MEYER demeurant à Cronenbourg et que les vêtements lui appartenaient. Le Maréchal de logis NAST qui recherchait QUIRIN depuis quelques jours déjà l'a invité à le suivre. D'abord QUIRIN a tenté de s'enfuir, le gendarme lui mit aussitôt le cabriolet à la main droite. On omit de le fouiller. Mme OBRÉA démentit formellement cette déclaration. En montant au tramway, QUIRIN a vu STREIFF mettre un objet en poche, puis il est venu avec eux sur la plate-forme. Place Saint Urbain, ils descendent du tramway. STREIFF avait déjà sauté en bas du tramway. QUIRIN tend le poignet droit lui-même, ayant le revolver dans la poche gauche, QUIRIN déclare qu'il a porté le paquet de vëtements dans la main gauche. Dans la cour de la gendarmerie, STREIFF surgit et tira un coup de revolver sur le Maréchal de logis NAST.

Un tramway de la ligne 8 sur la place Gutenberg, début du XXe siècle

Madame MULLER qui attendait son mari à la porte de la gendarmerie a vu NAST avec un homme prisonnier dans le corridor et le prisonnier a fait feu. NAST est tombé à terre et il a crié : « Arrêtez-le ! ». Le prisonnier s'est enfui en criant lui aussi « Arrêtez-le ! ». Un garçon vit de même. Devant donner des déclarations de détail, QUIRIN dit qu'il a été effrayé et énervé. Il avait perdu la tête, ne se souvient pas de ce qu'il a fait après et il se demande même pourquoi aucun gendarme n'est accouru. Le gendarme SCHULTZ a cependant accouru, QUIRIN dit que non. S'il était venu aussitôt QUIRIN aurait eu un bon témoin, mais le gendarme n'a pas fait son devoir !

Le Président demanda alors : « Et après le meurtre, que faisiez-vous ? ». QUIRIN répondit qu'il ne savait pas. « Je me souviens d'avoir été au Heyritz. Quand je repris connaissance, j'étais couché dans un fossé. J'avais par ailleurs fait cette chute en traversant la ligne de chemins de fer. Je ne puis dire comment je suis venu là-bas ». Interrogé sur sa rencontre avec STREIFF après l'assassinat, QUIRIN déclare qu'il l'a retrouvé ivre. Il prétend avoir seulement blessé le gendarme au bras afin de recevoir les vêtements et pour voir libérer son ami QUIRIN, STREIFF lui a même donné un revolver. Il se dirigeait ensuite vers Illkirch ou il a passé la nuit dans une étable souterraine.

« Je me suis rendu, dit-il, à Sélestat, Colmar, Mulhouse, Belfort et je me dirigeais vert Besançon où j'ai appris la mort du gendarme NAST ». QUIRIN y rencontra un manœuvre avec lequel il avait déjà travaillé : il disait se nommer PERREN, originaire de Zerrmatt (Suisse), mais dont on a perdu toute trace depuis 1911. Ils s'entendaient pour passer la frontière, traverser la Suisse pour se rendre à Milan où ils voulaient chercher du travail. Ils se séparaient. « Un certain SIMONIS m'a voulu conduire par canot à travers le Iac, soit donc en Suisse. Mais j'ai refusé. Je voulais m'y rendre à pied. Mais en traversant le pont, j'ai été interpellé et comme je n'avais pas de papiers, j'ai été repoussé, puis je suis retourné et j'ai dormi dans la forêt ».

Le Président dit par contre que le garde-frontière MASSON qui a suivi QUIRIN l'a vu traverser un ruisseau. Le gardien fut blessé. QUIRIN prétend que c'est PERREN qui a blessé le gardien. PERREN l'a lui-même déclaré après avoir été appréhendé sur la route par les gendarmes et il a encore une fois essayé de se déguiser sous un faux nom, mais les gendarmes, confiants dans le signalement arrêtent QUIRIN. 

En résumé, STREIFF a volé les objets volés trouvés sur QUIRIN, STREIFF a assassiné le Maréchal-des-logis NAST, et PERREN, enfin, a blessé le garde-frontière ! On enregistre les révélations sensationnelles de QUIRIN ainsi que la hardiesse dont l'accusé fait preuve. On passe ensuite à l'audition des témoins.

8 février 1929 : la peine de mort

Condamné à la peine capitale, Émile QUIRIN sera guillotiné le 8 février 1929.

Sources :

  • Archives départementales du Bas-Rhin
  • Gallica

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.