Écrit par : Rémy VOEGEL

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Nous avons publié un article avec des photos du passage du Kayser Wilhelm II à Valff [à lire : Valff se mobilise pour la venue du Kaiser Guillaume II]. La légende indiquait la date de 1912 transmise par la mémoire collective. De nouveaux documents inédits présentent un éclairage nouveau sur cet évènement. La date réelle est 1908. Non seulement nous pouvons vous indiquer aujourd'hui la vraie date mais également des détails pertinents sur tout le déroulement de cette visite. Alors prêts pour le passage du Kayser ? c'est parti !

L'Empereur à Strasbourg (article paru dans le journal agricole d'Alsace-Lorraine du 12 septembre 1908)

Le 4 septembre 1908, à 11 heures tapantes, Sa Majesté l’Empereur Guillaume II monte à bord d’une automobile, entouré des princes Auguste-Guillaume et Oscar, du prince de Fürstenberg, et de toute une suite prestigieuse. Direction : le château d’Osthouse, l’ancienne demeure des barons Zorn de Bulach, pour un déjeuner intime (façon impériale bien sûr). À la demande expresse du Kaiser, aucune réception solennelle n’est prévue à l’arrivée.

Sur place, c’est tout de même du beau monde qui l’attend au pied du grand escalier d’honneur : le Statthalter, comte de Wedel, le baron Zorn de Bulach (sous-secrétaire d’État), son épouse, leurs enfants, Monseigneur Zorn de Bulach (évêque-coadjuteur), le gouverneur militaire de Strasbourg, von Mossner, et le Kreisdirektor d’Erstein, M. Lantz.

À 11 h 30 précises, l’automobile impériale franchit les grilles du château. L’Empereur descend, léger comme l’éclair (selon les témoins émerveillés), et salue la châtelaine avec toute la courtoisie chevaleresque attendue d’un monarque. Le déjeuner suit immédiatement, en toute simplicité… impériale.

Autour de la table, l’Empereur prend place entre la baronne Zorn de Bulach et le comte de Wedel, avec en face de lui le baron Zorn. L’ambiance est détendue ; Guillaume II, d’un entrain remarquable, fait tomber les barrières du protocole. Après le repas, il prend congé avec grâce de ses hôtes.

🏰 En route pour le Haut-Koenigsbourg

À 13 h 30, le cortège s’ébranle vers le Haut-Koenigsbourg, récemment restauré. L’itinéraire passe par Uttenheim, Westhouse, Valff, Bourgheim, Gertwiller, Saint-Pierre, Blienschwiller, Dambach, Scherwiller, Kintzheim et Kaysersberg. Partout, les villages traversés s’étaient parés de leurs plus beaux atours : guirlandes, arcs de triomphe, drapeaux, fleurs... Mais tout cela sous une pluie battante qui trempe les costumes, assombrit les visages… et rend la chaussée glissante.

À 14 h 30, le cortège arrive au château du Haut-Koenigsbourg. L’Empereur y prend le thé, puis visite longuement les lieux, admirant les travaux de restauration qu’il a lui-même initiés.

☔ Et Valff dans tout ça ?

Eh bien, Valff aussi a vu passer le cortège impérial ce jour-là. Les photographies prises dans le village confirment la pluie et la grisaille. Mais surtout, elles confirment une chose essentielle : le Kaiser ne s’est pas arrêté !

Les habitants, comme dans tant d'autres communes, s’étaient préparés. Mais ce qu’ils ont vu du souverain, ce jour-là, se résume à quelques silhouettes derrière les vitres d’une Mercedes-Benz, filant à vive allure sur la route détrempée. Un souffle, une traînée de boue… et puis plus rien.

👑 L’ombre d’un monde qui disparaît

Ce défilé automobile, grandiose et pourtant furtif, symbolise la fin d’une époque. Le vieux monde impérial, encore auréolé de faste et de titres, s’apprête à faire ses dernières révérences. La Première Guerre mondiale n’est plus très loin. La monarchie allemande non plus. Le passage du Kaiser à Valff, sans un mot, sans un geste, en dit long.

Histoire à suivre ...

Sources :

• Gallica
• Fond Antoine MULLER