Valff, le 8 décembre 1902

Les familles ULM, HEIMAR, BUSCH, SCHUMACHER, LAGREN et SEKULA (article à lire : Rififi chez les SEKULA) sont répertoriés depuis le milieu du XIXe siècle  dans notre village. Leur point commun, leur occupation : vannier.

Ce métier a de tous temps été une activité noble et utile. Les Yéniches du Ried étaient des nomades dont certains avaient même les cheveux blonds. Ils parcouraient la campagne en proposant à tue-tête leurs corbeilles en osier, d'aiguiser les couteaux et lames ou encore de récupérer peaux de lapins et ferraille. L'origine des Yéniches est trouble. Certains affirment qu'ils seraient d'origine celte, d'autres des descendants de nomades juifs. Ils utilisaient un patois appelé Rotwelsch. Pendant la période nazie , ils furent persécutés et décimés dans des camps de concentration. A noter quelques Yénisches célèbres comme l'acteur Yul BRYNNER ou encore François REMETTER, ancien gardien de l'Equipe de France et du Racing, ou le musicien alsacien Johnny MECKES.

Les tziganes et autres nomades étaient mal considérés par la population. Même si cette idée semblait parfois fondée, vol de fruits des champs, d'osier, braconnage, cambriolages, abus d'alcool leur réputation leur collait à la peau. Cette renommée était relayée de génération en génération et amplifiée par l'ignorance et le rejet de l'étranger. Pour eux, leur seul objectif était de survivre.

C'est dans ce contexte que le maire BIECHER édita l'arrêté municipal du 8 décembre 1902 : « Les gitans et tous ceux qui pratiquent les commerces suivant : chaudronniers, aiguiseurs, vanniers, musiciens ou démarcheurs qui séjournent en nomades en dehors de la commune et qui voudraient s'installer dans les rues, les places et les prés de la commune sont indésirables et interdits ».

11 mars 1913, extrait du Strasburger Neueste Zeitung : « Dans l'appartement du vannier SEKULA à Valff se sont réunis quelques collègues pour une beuverie. Vers 4 heures du matin se produisit une altercation qui allait se terminer par un événement tragique. Le vannier SATORI d'Erstein porta à une victime du nom de GARGOWITSCH deux coups de couteaux. Ce dernier décéda quelques minutes plus-tard. Il laisse une veuve et deux enfants. SATORI est en fuite ».

1er octobre 1924, extrait du Strasburger Neueste Zeitung : « Vol d'osier dans le ban de la commune de Valff. Des vanniers du village ont été arrêté par le garde champêtre alors qu'ils ramenaient une botte d'osier à leur domicile. Un des auteur a avoué le vol ».

Cet article n'est pas publié pour stigmatiser la corporation des vanniers. L'engrenage fâcheux dans lequel certains avaient sombré était la conséquence d'une vie caractérisée par des excès de tous genres souvent dès leur plus jeune âge , ainsi que par un sentiment de marginalité et de rejet. L'avenir ne leur était pas facilité et mal tracé dès leur naissance. Un engrenage maléfique. Beaucoup réussirent néanmoins une vie des plus honorable.

Arrêté municipal de 1902 intitulé « Arrêté de police concernant la plaie tzigane »  dixit

Lucien BLUMER a immortalisé certains d'entre eux dans les années 30 dans la région de Strasbourg, quartier de la Robertsau (crédits images : Archives de Strasbourg).

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.