Le Général Leclerc félicite ses troupes et fait un passage à la mairie de Valff (photo prise le 29 novembre 1944)

Derrière la station d'épuration, dans la clairière entre la rivière l'Andlau et la forêt de Westhouse traînent, éparpillés en multitudes, des restes rouillés de douilles et autres munitions explosés.

L'origine de ces vestiges remonte à la libération de l'Alsace et particulièrement à la date du mercredi 29 novembre 1945. Un escadron de chars et infanterie de la 2e D.B. du général LECLERC fut envoyé, après avoir libéré Valff percer en direction de Westhouse. Le terrain est  trempé, le pont de l'Andlau détruit. Après le passage de la rivière les soldats sont accueillis par un feu nourri provenant de la forêt de Westhouse. Le sergent Georges Palmyre Désiré LESTOCART est tué et d'autres soldats blessés. Après avoir atteint la forêt, les chars se mettent à couvert. Les allemands fuient par petits groupes en direction de Westhouse quand soudain une violente explosion embrase la forêt. Trois soldats dont le commandant SAVELLI sont grièvement blessés. Un obus a touché un dépôt de munition abandonné par les Allemands !

Après la guerre, les lieux firent d'autres victimes dont un habitant de Westhouse près du pont que l'on retrouva accroché dans un arbre ; le jour d'avant, des passants avaient déterrés et laissée sur place une mine antichars. Pendant des années, le lieu de l'explosion du dépôt allemand attira les jeunes qui déterrèrent bien des munitions non explosés.

Un habitant trouva, il y a quelques années encore, une cartouche éclatée remplie à moitié de poudre intacte et bouchée d'un tissu imprimé 1944. La poudre allumée fit encore une gerbe de feu d'un mètre de haut !

Quand le dépôt de munitions devint terrain de jeu ...

L'armée allemande avait disposé un important dépôt de munitions dans la forêt entre Valff et Westhouse. Des milliers d'obus de toutes tailles et calibres, entreposés, pour s'opposer aux alliés. Quelques uns seront tirés par l'artillerie placée près du « Holzbad », mais l'avance alliée ayant été fulgurante, les allemands abandonnent le dépôt sans le défendre et surtout sans l'utiliser.

Lors du repli allemand, la forêt est piégée en hâte (mines, pièges artisanaux, etc). L'armée française déplorera du fait de ces pièges plusieurs blessés et un tué : le sergent français Georges Palmyre Désiré LESTOCART, mortellement blessé par une mine.

Après guerre, le dépôt de munition devient ... terrain de jeux. En effet : une bonne vingtaine d'adolescents valffois s'adonnent à un loisir peu commun et très dangereux, désamorcer les obus !

Cette tâche difficile et dangereuse de désamorçage et déminage est organisée partout en Europe avec comme main d'oeuvre des prisonniers allemands (voir le film : Les oubliés). Mais pas à Valff ! Ce sont des jeunes qui s'emploient à cette tâche, sans conscience du danger que représentent de telles munitions. Les obus sont ouverts par ces civils, et désamorcés ! À l'intérieur le sac de "nouilles" est retiré, l'obus devient inerte. Les obus sont alors stockés, et le génie militaire passe à intervalle régulier les récupérer ou les faire exploser sur place : « Lorsque les militaires allument les mèches, le tas d'obus brûle durant des heurs, les flammes dépassent la hauteur des arbres de la forêt ! » raconte un valffois.

A l'intérieur des obus se trouve un petit sac de poudre (l'amorce) qui brûle très facilement blessant légèrement plusieurs valffois aux doigts ou visage. Mais c'est surtout un allume feu idéal pour compenser la pénurie d'allumettes ...

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.