Confluence de la Kirneck avec l'Andlau (Crédits photo : www.smeas.fr)

La Kirneck, affluent de l'Andlau, prend sa source dans le massif du Neuntelstein (971 m), coule à travers le Welschbruch, la vallée de Barr, la ville de Barr, Gertwiller, Bourgehim, Valff et se jette dans l'Andlau à 1 km environ en aval du village. Pendant la période d'étiage, la Kirneck est une rivière sans problème : en période de crue et de fonte de neiges, les risques d'inondations ont depuis des siècles causés des soucis aux collectivités riveraines.

En aval de Valff, d'immenses étendues de prairies et de forêts sont inondées par la rivière. Le nom « Kirneck » provient d'une vieille expression allemande « Quirn ». A l'époque germanique, ce mot signifiait « Moulin ». Le nom de Kirneck remonterait au VIe siècle.

Le cours de la Kirneck a été modifié à Valff à plusieurs reprises depuis des siècles. A l'origine, la Kirneck traversait le village sur toute sa longueur. Venant de Bourgheim, elle serpentait à travers les Muhlmatten pour rejoindre la rue haute dans sa partie inférieure, la rue principale à l'entrée du village, et finalement sortait du village après l'avoir traversé sur une longueur de plus d'un kilomètre. Sur la Muhlmatt, les eaux de la Kirneck alimentaient les deux roues à eau qui fournissaient la force motrice pour mouvoir le moulin à farine. Descendant la rue haute, elle traversait la rue principale sans qu'on ait aménagé de pont. Sa largeur était importante, le fond pavé de plaques de pierres permettant le passage des attelages. Entre le XIIe et le XIVe siècle, les sires d'Andlau construisirent une forteresse au Sud du village. Cette forteresse était entourée d'un large fossé à caractère défensif alimenté par un bras de la Kirneck. On avait creusé à cette époque à partir de l'embouchure de la Muhlmatt un nouveau bras pour alimenter le fossé de la forteresse avec prolongement pour rejoindre l'ancien lit près du restaurant « Au Soleil » sur la rue principale.

Au début du XVIIIe siècle, l'administration décrivait le cours de la Kirneck à partir de Bourgheim dans ses moindres détails, dans un rapport ayant trait aux fréquentes inondations qu'elle provoquait. Curieusement, la Kirneck est dénommée « Kern » dans ce document. Le rapport précise qu'il existait au total quatre ponts ; celui de la grand'rue (près du restaurant « Au Soleil ») avec une ouverture de 8 pieds, un deuxième pont à la dernière rue du village (rue basse) avec une ouverture de 12 pieds et un tout dernier pont sur le chemin de Valff à Meistratzheim de 12 pieds. Sur le chemin menant à Zellwiller se trouvait un petit ponceau d'une ouverture de 8 pieds (soit environ 2.35 m) en assez bon état. Toutes les maisons de la rive gauche n'avaient pas d'actes au moyen d'un ponceau, certains accès étaient constitués par des trouées (passage direct au travers de la Kirneck). Ce ruisseau, près du village de Bourgheim, à une chute considérable. Par temps pluvieux, son bord droit n'a pas assez d'élévation pour contenir les eaux qui se répandent à 100 pieds du village dans les terres voisines, causant beaucoup de dégâts ; il est proposé de prévenir le débordement en faisant nettoyer son lit sur 300 pieds de longueur et d'élever la rive droite.

Le village a toujours été victime d'innombrables inondations au cours des temps. La Kirneck serpentait depuis Bourgheim dans son lit naturel, à chaque crue les risques étaient grands. C'est la raison pour laquelle en 1821, la municipalité en accord avec les autorités de tutelle décida de creuser un nouveau lit à partir de la limite du ban de Bourgheim jusqu'à l'embouchure de la Muhlmatt pour rejoindre le nouveau tronçon déjà existant qui alimentait la forteresse. En plus, on décida en même temps d'aménager un canal de décharge à partir du barrage du moulin près du château jusqu'à la route de Westhouse. Tous ces travaux ont été exécutés à main par les hommes du village. Le canal de décharge, une fois aménagé, le bras de la Kirneck traversant la Muhlmatt et le village jusqu'au restaurant « Au Soleil », n'avait plus de raison d'être et fut tout simplement supprimé. Les indemnités payées aux propriétaires pour l'occupation du terrain sur le nouveau canal se montaient à 3377 francs et 17 centimes. Pour alimenter le moulin par la force hydraulique, un barrage fut aménagé sur le canal de décharge. Au courant de l'année 1855, les propriétaires des usines sur le ruisseau de la Kirneck demandent à la commission syndicale de la forêt indivisée de Barr et quatre autres communes, la nomination d'un garde des eaux. Cette commission s'est réunie le 12 janvier 1856, à l'hôtel de ville de Barr en séance extraordinaire.

La commission constate que les motifs invoqués sont justifiés car il ne peut être nié que la Kirneck ne soit sujette à des déperditions qui diminuent son volume d'eau, déjà très faible habituellement, réduisant ainsi la force motrice de leurs usines. Il est décidé la nomination d'un garde des eaux pour la surveillance du cours d'eau de la Kirneck et les sources qui l'alimentent. Il sera commissionné et assermenté et touchera un traitement de 500 francs. Au début du XXe siècle, la Kirneck traversait le village comme il y a 200 ans. Chaque propriétaire accédait à sa propriété par un ponceau, ce qui donnait au village un cachet particulier. Les abords de la rivière n'avaient pas été aménagés, le lit avait parfois une largeur de 10 mètres.

Ce n'est qu'en 1931 que la commune décida la construction d'un mur de soutènement sur toute la longueur du cours d'eau à travers le village. D'après les documents, les travaux ont été exécutés en deux tranches dont la première comportait une longueur de 363 mètres (entre la Mairie et la sortie est du village). Le coût global de cette tranche était de 42 000 francs dont 50% à charge de la commune ; l'autre moitié aux frais de l'État. Sur les 21 000 francs à la charge de la commune, celle-ci pouvait s'acquitter de 12 000 francs en travaux en nature (transport du gravier, fouille des fondations). Les travaux furent exécutés par les maçons de Valff, CLAUSS et HASLAUER, et dirigés par l'Ingénieur des Travaux Publics de l'État. La première tranche débuta mi-juillet 1931.

Le grand boum économique et le début de la société de consommation, après la deuxième guerre mondiale, avaient des répercussions néfastes sur l'environnement. Valff n'était pas épargné surtout au niveau de la Kirneck. Bien que l'ère industrielle commença au début du siècle, la situation de la pollution de la Kirneck devenait désastreuse après la seconde guerre. La municipalité de Valff décida en 1967 de mettre en place dans la commune un réseau d'assainissement tout à l'égout et de supprimer complètement le bras de la Kirneck passant à travers le village. La première et seconde tranche d'assainissement cumulées couvrirent presque 2 km de réseau (la rue du vignoble du lotissement jusqu'à la sortie au Breitenweg). Les travaux avancèrent rapidement et l'aspect du village a été complètement transformé. Malheureusement, le village a perdu de son originalité par la suppression des ponts, mais le lecteur comprendra mieux la décision du conseil après avoir pris connaissance du chapitre de la pollution de ce cours d'eau.

Une dernière transformation du cours d'eau s'est effectuée lors des travaux de remembrement du ban de Valff en 1975. A la sortie du canal de décharge sur la route de Westhouse, le lit de la Kirneck faisait un angle droit pour passer devant le Restaurant « Au Tilleul » et rejoindre l'ancien bras passant le village. En cas de forte pluie, les eaux débordaient à cet endroit pour inonder les prés et surtout le stade de football qui se trouvait à proximité.

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.