Le Barrer Kantonblattel était le journal régional des villageois Valffois. Après avoir épluché les nouvelles de la fin du XIXe siècle, voici un inventaire de bonnes nouvelles pour bien débuter le nouveau siècle. 

20 août 1898

Le « Franzsepp » d'ici, aime raconter au bistrot « Zur Krone », les nouvelles de son fils qui est brigadier de police à Paris. Plus il se désaltère la gorge, plus on en apprend des belles ! « Mon fils est quelque chose de grand ! Il est estimé dans tout Paris, dit-il. Il y a 15 jours, je suis allé lui rendre visite. Tout Paris le connait et le respecte ! Il m'a fait visiter toute la ville, on est même allé chez le Président de la République, qui est un très bon ami à mon fils ! C'est un très gentil personnage, Monsieur le Président FAURE. Il m'a secoué la main et m'a invité à m'assoir. Il m'aurait même offert un apéritif, mais sa femme venait tout juste de partir au marché et avait malheureusement emmené la clé de la cave ! ». Dommage !

10 juillet 1899

Le « Rollfuhunternehmer » MELLY d'Obernai a organisé un nouveau circuit postal entre Obernai et le Ste Odile. Le départ d'Obernai avec l'omnibus à cheval a lieu à 10 heures 38 et le retour est à 15 heures 38. Le prix du voyage aller-retour est de 2,50 Mark, voyage simple 2 Mark, retour simple 1,60 Mark. Il y a aussi une liaison assurée trois fois par jour en direction d'Ottrott, Klingenthal et Bœrsch.

23 décembre 1899

La nuit dernière, la maison d'habitation de l'agriculteur REIBEL a été la proie des flammes. La maison était habitée par le journalier et veuf Simon KOENIG, 76 ans, que l'on a retrouvé brûlé sur le seuil de sa porte (La maison était située au n°45 de la rue Principale, elle sera reconstruite et habitée par le marchand de savon Jean Baptiste KORNMANN, père d'Albertine, la première conductrice d'automobile à Valff. Pour se ravitailler en savon de Marseille, Jean-Baptiste se rendra jusqu'à Saverne avec une charrette attelée avec des ... chiens).

Acte de décès de Simon KOENIG 

9 juin 1900

Lundi dernier, deux lavandières papotaient tranquillement, occupées dans la rivière près du moulin. On échangea des recettes de cuisines, de la prochaine fête de la Kilbe, du choix des couleurs de rubans pour les chapeaux et un avis sur les beaux garçons du village. Dès qu'elles abordèrent le sujet des hommes, le lavage devint plus énergique. Lorsque l'une d'elle osa exprimer son avis personnel, le sang de l'autre ne fit qu'un tour. La pauvre se retrouva au milieu de la rivière ! Les cris de la baigneuse involontaire rameutèrent tout le quartier. Des femmes compatissantes ramenèrent la pauvre, toute trempée, à la maison. Son mari aurait confessé : « Je ne l'ai encore jamais vu aussi bien lavée ! ». Nul doute qu'une autre discussion énergique était en attente !  

11 août 1900

« Un serpent ! un serpent ! », crièrent les filles de la maison, suivies dans la foulée par la mère et de la grand-mère qui coururent comme jamais au dehors de la maison ! La servante, un vrai « Kuchendragonner », empoigna la pince à feu et se coucha sous le divan où l'on aurait aperçu pour la dernière fois l'animal du jardin d'Eden. Quelques instants plus tard, elle ramena au bout de sa pince ... « la fausse queue-de-cheval de Madame ! ». Elle fera désormais plus attention à sa toilette. 

16 décembre 1900

Samedi dernier, M. NACHBRAND, garde-chasse, a abattu près de Valff deux cygnes. Un troisième cygne a été tué dans le même village par M. BOUR, garde-chasse. C'est sans doute la dernière tempête qui a amené ces palmipèdes dans notre région.

11 février 1901

Le braconnage régulier dans le ban de Valff s'est de nouveau confirmé la semaine dernière. Un habitant du lieu a été attrapé par le garde chasse dans la forêt de la Niederstross. Il sera déféré devant le tribunal.  

9 août 1902

Le Kronprinz, Wilhelm von Preussen, va prochainement se rendre dans la demeure du secrétaire d'État KOELLER située au Hohwald. Le Kronprinz va séjourner avec toute sa suite à l'hôtel KUNTZ. Une visite du mont Ste Odile est également programmée.

12 novembre 1902

Lors de fouilles à l'emplacement de l'abbaye de Niedermunster au pied du Ste Odile, on a découvert une crypte dans laquelle étaient empilés pêle-mêle des ossements humains. On y a aussi déterré une tête, mais en pierre avec son socle. 

13 mai 1903

Nos deux garde-chasses ont surpris dernièrement des vanniers en train d'emmener deux grosses bottes d'osiers coupées sur les souches des arbres de la commune. Les vanniers ont pris la fuite en laissant leur butin. Essoufflés, nos garde-chasses, ont réussi à transporter sur leur dos, les deux lourdes bottes jusque devant la mairie et le logement du garde de nuit pour les mettre à l'abri. Mais oh catastrophe ! Le lendemain, les bottes avaient disparu. Le gardien avait fait une petite sieste et pendant sa ronde, les voleurs s'étaient introduit dans sa chambre et ont récupéré l'osier. Une perquisition chez les vanniers du village est restée vaine. Les deux garde-chasses sont fâchés d'avoir, en plus, d'avoir porté les lourds ballots jusque dans le village. Merci à eux !

5 septembre 1903

Une dame de Strasbourg qui se tenait sous la tour d'orientation située sur le Hochfeld au Hohwald a reçu une pierre sur la tête. Elle a dû être rapatriée dans une charrette. On suppose des visiteurs qui se seraient amusés. La dame a en plus d'une vue imprenable, a eu la chance de pouvoir admirer des étoiles ! 🥴

Hôtel de la Couronne à Barr (4, rue des boulangers) à 20 heures, séance de cinématographe, le meilleur au monde ! En couleur, grâce à l'électricité, la plus grande merveille du monde. À voir : Le coucher de la mariée en couleurs naturelles. Prix : 50 Pfennigs. Pour les enfants et les militaires, c'est moitié prix.

Source : BNU Strasbourg

Autres épisodes :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.