Un pari fou ! Est-il possible de redonner le brillant étincelant, le reluisant des chromes, ou tout simplement de reconstruire dans une forme d'époque, un reliquat de voiture des années 30 ? Dans la série des articles qui vont suivre, nous projetons de vous tenir informés des avancées d'une entreprise (locale) démesurée. 

Le projet

Commençons par le début. C'est au printemps que démarre notre histoire et la quête d'une voiture d'avant-guerre à restaurer. Je déniche une Hotchkiss AM2 de 1926 ... en Angleterre ! Un châssis, 4 ailes, un moteur, un capot et ... c'est tout. Malgré des négociations qui semblent avancer, l'affaire avorte. Pas de papiers, la distance, les frais de rapatriements, le temps à consacrer, l'ombre du Brexit ... nous abandonnons le projet. Avec l'aide du fin limier Frédéric, mon fils, qui blinde son téléphone d'alertes, notre choix s'arrête encore sur une Hotchkiss, à vendre en France, cette fois-ci.  Il faut faire vite ! L'affaire est rare. Les voitures d'exception à restaurer pour un prix d'achat abordable ne sont plus légions. Le nombre de voitures dites « sortie de grange » sont d'année en année devenu peau de chagrin.

Contact avec le sympathique vendeur, organisation du transport, du logement pour la nuit et le voyage direction Carpentras est lancé. Frédéric est du voyage.

La descente vers le Sud se passe sans encombres. Nous arrivons en fin d'après-midi et découvrons notre bête. Le chargement sur la remorque porte-voiture est organisé dans la foulée (voir photo au début de l'article). L'excitation est à son comble ! Il faut les yeux d'un devin pour imaginer à quoi pourra bien ressembler cette carcasse incomplète une fois restaurée. Les pièces mobiles sont solidement ficelées à la carcasse, une nuit de repos et fissa le retour. Les paysages du Vaucluse sont charmants, les villes et villages pittoresques. Le chemin du retour passe par les vignobles des Côtes du Rhône, majestueux !

Le retour se fait doucement mais nous dépasserons quand même un avion de chasse !

Et c'est enfin la vue du panneau d'entrée de Valff. Soulagements ...

... avant le déchargement, le tout sous le regard curieux des passants : « C'est quoi cette caisse ? »

Un peu d'histoire ...

Avant de suivre en image la restauration à proprement parler, voici quelques précisions. A ce stade, déjà, pas de découverte historique au niveau des anciens propriétaires comme cela a pu être le cas pour l'improbable histoire de la Citroën B12 Torpédo de 1925. Comme on peut le constater le volant de la Hotchkiss se trouve à ... droite ! Non, ce n'est pas la Hotchkiss d'Angleterre évoquée précédemment. Au début de l'histoire de l'automobile, toutes les voitures avaient une conduite à droite pour que le chauffeur (qui devait chauffer littéralement et mettre le feu au système d'allumage d'où le nom de chauffeur) puisse jauger les bas-côtés au moment d'un croisement sur la route, qui, pour la plupart n'en avaient que le nom. Autre raison : le frein à main souvent fixé à l'extérieur se manoeuvrait mieux de la main droite, la pédale de frein n'apparaissant que plus tard. Pendant l'entre-guerre, les grands constructeurs de voitures de luxe, tels que Bugatti, Hotchkiss, Delahaye, Delage ou Hispano Suiza continueront de fabriquer des conduites à droite. La raison : un chauffeur particulier de limousine pouvait descendre du véhicule et ouvrir la porte en un éclair à Madame, assise à l'arrière droit côté trottoir ! Monsieur par contre, assis à l'arrière gauche, préférera avoir la vue dégagée vers l'avant.

Autre précision : malgré le nom à consonance anglophone, les Hotchkiss étaient bel et bien construites en France et cela depuis 1903. Le slogan de la marque : « Le juste milieu ! ».     

Pour ce qui concerne notre 411, le chiffre 4 signifie 4 cylindres et le 11 le nombre de chevaux fiscaux. Le moteur possède une cylindrée de 2010 cm3 de 50 cv à 3000 tours/mn. Vitesse : 110 km/h pour un poids de 1300 kg, 4 vitesses en prises directes, ressorts à lames et amortisseurs à frictions, pompe à essence. En 1932, 1933, 1934 et 1939 des Hotchkiss remportent le rallye de Monte Carlo et s'adjuge 6 autres victoires en course.

Afin de se créer un stock de pièces de carrosserie, les vacances d'été se passèrent ... dans la Creuse ! Une remorque remplie de tôles en vrac sera du voyage retour. Des pneus introuvables seront dénichés ... en Suisse avec un beau week-end à la clé dans le pays où une pizza coûte un bras (ou le prix d'un pneu de Hotchkiss, au choix !). Mais quand on aime, on ne compte pas. N'est ce pas ?

Et cette magnifique épave de berline presque comme neuve servira de banque de pièces de carrosserie pour la restauration. La carte grise de notre 411, spécifiée cabriolet, encourage à tous les sacrifices. C'est décidé : la voiture sera reconstruite en cabriolet  !

Dans les années 30, les grands constructeurs vendaient une partie importante de leur production, en châssis/moteur uniquement, aux clients qui les amenaient chez des carrossiers indépendants. Par exemple, les établissements Gangloff de Colmar ont carrossé près de la moitié des voitures Bugatti. Il circulait sur les routes de l'hexagone un nombre important et incalculable de voitures construite dites: « à la carte ». On recense , rien qu'en France , plus de 120 carrossiers indépendants avant le deuxième guerre.

Bugatti type 43 de 1930

C'est sur la base de cette Squire 1500 Tourer de 1935 de 4 places ci-dessous que nous allons nous inspirer pour entreprendre notre reconstruction. Elle est trop classe avec ses ailes qui n'en finissent pas de s'étirer !

Et la restauration peut commencer ... ai-je yeux plus grands que mes mains ?  des photos au prochain épisode !

Autres épisodes :

Un peu d'histoire

De Valva à Valff, c’est tout d’abord un livre. A la fin des années 80, André VOEGEL et Rémy VOEGEL, Valffois et passionnés d'histoire, écrivent « De Valva à Valff » qui raconte l'histoire de la commune, petit village alsacien à proximité d'Obernai. L'ouvrage reprend, chapitre après chapitre, son histoire et celles de ses habitants. Dans les années 2010, Rémy VOEGEL complète la connaissance du village par divers textes édités dans le bulletin communal. 

Suite au décès d’André VOEGEL en février 2017, Rémy et Frédéric, son fils, se lance le défi de partager via le présent site les archives dématérialisées du livre, les vidéos de Charles SCHULTZ, sans oublier la publication des 40 classeurs historiques d’Antoine MULLER. Ces classeurs sont une mine d'or incroyable, car ils retracent en images toute l'histoire du village, de ses associations et de ses habitants.

Depuis, le devoir de mémoire de notre village alsacien se poursuit semaine après semaine.